LICHENS
La symbiose lichénique
Les notions introduites par S. Schwendener appelaient une démonstration expérimentale : analyse au moyen de cultures pures de chacun des symbiotes et ensuite de production d'un nouveau lichen par leur réunion. Ces cultures sur milieu stérile ont contribué à éclairer bien des aspects de la nutrition des symbiotes.
La culture des algues-gonidies se fait à partir de cellules prélevées dans le thalle et purifiées par des repiquages successifs. Les milieux liquides purement minéraux sont théoriquement possibles, puisque l'algue est autotrophe ; cependant, le développement est très lent. Un milieu très utilisé est l'agar additionné de sucres, de composés azotés et de sels minéraux. Dans ce cas, le développement est plus rapide et la culture peut se faire à l'obscurité, l'Algue se comportant alors comme un saprophyte. On a ainsi identifié dans les Lichens huit genres de Cyanophycées et dix-sept de Chlorophycées, tous connus parmi les Algues libres. Si, en gros, les espèces sont les mêmes que dans les populations libres, il existe cependant une grande variété de petites espèces ou races ; la tendance au saprophytisme y est plus grande que chez les Algues libres.
Le mycosymbiote se cultive, à partir d'une spore prélevée aseptiquement, sur un milieu nutritif stérilisé, auquel il est nécessaire d'ajouter des vitamines. Le développement est lent. Les cultures restent sous forme d'un amas feutré peu différencié. Certaines substances chimiques ont été élaborées, telle la pariétine, mais aucune du groupe des depsides et depsidones. On a parfois observé la production de conidanges et d'ascogones se développant en ascocarpes, mais sans aboutir à des spores.
Les premiers essais de synthèse ont montré les stades initiaux du développement d'un thalle, mais, faits sans asepsie rigoureuse, ils n'ont pu être conduits très loin. G. Bonnier (1886, 1889) a publié des résultats spectaculaires allant jusqu'au développement complet en un à trois ans de Xanthoria parietina et de quelques autres espèces avec production d'apothécies. Cependant, ses méthodes ont été critiquées et ses résultats concernant les derniers stades fertiles n'ont pu être reproduits. Par la suite, des essais, faits dans des conditions de milieu nutritif rigoureusement aseptique, partant d'une spore et d'une souche pure d'Algue, ont bien reproduit les premiers états, avec capture des algues-gonidies par les hyphes du Champignon. Ils ont montré aussi qu'un mycosymbiote donné n'accepte que son phycosymbiote habituel ou une variété très voisine. Mais la suite du développement n'aboutit le plus souvent qu'à un thalle feutré, peu différencié. Au mieux, E. A. Thomas (1939) a obtenu de très petits podétions stériles d'un Cladonia, et V. Ahmadjian (1962, 1966) de petits thalles d'une espèce crustacée, ainsi qu'une ébauche de thalle d'un Cladonia avec de petits podétions, ce thalle portant des conidanges fertiles et des apothécies sans spores. En somme, si la synthèse des Lichens a été réalisée pour l'essentiel, elle n'a pas abouti à un thalle parfait, tel qu'il s'en trouve dans la nature. Les conditions imposées par les cultures aseptiques artificielles sont certainement trop éloignées des conditions naturelles.
L'association symbiotique n'est pas toujours parfaite dans les thalles lichéniques. Le Champignon introduit parfois des suçoirs (haustoria) dans les algues-gonidies, ce qui dénote une certaine tendance au parasitisme. On a aussi observé dans les thalles des zones où les gonidies étaient tuées en masse (zones nécrales). Il est certain que le champignon hétérotrophe tire son alimentation carbonée de l'algue autotrophe, et parfois une partie de son alimentation azotée (Cyanophycées-gonidies) ; il en reçoit[...]
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Écrit par
- Henry DES ABBAYES : professeur honoraire à la faculté des sciences de Rennes.
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