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LIÈGE, ville

Histoire et organisation de la ville

Le déplacement du siège épiscopal depuis Maastricht au cours du viiie siècle et la création en 985 de la principauté ecclésiastique ont favorisé son développement. Du xe siècle jusqu’à la fin du xviiie siècle, la ville fut la capitale de la principauté de Liège. Après la fin de l’Ancien régime et avec le rattachement de la principauté à la République française, Liège devint la préfecture du département de l'Ourthe (future province de Liège, après 1815).

Durant le xixe siècle, la ville s’est étendue dans la plaine alluviale en direction du sud, vers la gare des Guillemins, et sur la rive droite, vers Longdoz. La conquête des versants a été tardive avec, par exemple, entre les deux guerres, l’aménagement de la colline de Cointe, à l’ouest de cette même gare, au profit d’une population aisée. Hors des limites de la commune, l’urbanisation dans la plaine, fortement marquée par l’industrie, a rejoint les corons constitués autour des usines et des puits de mine vers le nord (Jupille, Wandre, Herstal, Cheratte) et le sud (Tilleur, Jemeppe, Ougrée, Seraing). Les quartiers industriels et ouvriers se sont aussi développés sur le plateau vers l’ouest (Ans), alors que les faubourgs situés sur les plateaux à l’est (Beyne-Heusay) et surtout au sud-est (Chênée, le long de la vallée de l’Ourthe) sont habités par une population généralement plus aisée.

Liège forme avec douze autres communes un ensemble morphologique de 500 000 habitants environ (en 2023), dont l’axe principal est la vallée de la Meuse. Dans le cadre de la fusion des communes belges, le 1er janvier 1977, la plupart de celles de l’agglomération ont été rassemblées en entités indépendantes de la ville-centre. L’agglomération se trouve elle-même au centre d’un bassin d’emploi de 800 000 habitants, qui englobe tout l’arrondissement de Liège, l’essentiel de celui de Waremme et déborde sur ceux de Verviers et de Huy. Quant à l’université d’État (aujourd’hui de la Fédération Wallonie-Bruxelles), fondée par le roi Guillaume des Pays-Bas en 1817, elle rayonne de manière hégémonique sur l’ensemble de la province avec, aussi, une influence importante sur celles du Luxembourg et de Namur.

En 1986, dans le cadre du processus de fédéralisation de la Belgique, Liège n’a pas été choisie comme capitale de la Région wallonne ; Namur lui a été préférée, moins excentrique par rapport au territoire régional et située entre les deux principaux pôles concurrents de la Région, le Hainaut avec Charleroi et la province de Liège avec son chef-lieu.

Liège a longtemps été au centre d’un vaste ensemble défensif. Déjà, durant la période des Pays-Bas réunis (1815-1830), les Hollandais avaient modernisé la citadelle du xviie siècle dominant la ville et édifié le fort de la Chartreuse sur la rive droite, pour contrôler, avec d’autres ouvrages similaires à Huy, Namur et Dinant, la vallée de la Meuse, afin d’être en mesure d’empêcher une invasion française. Mais c’est à la fin du xixe siècle que Liège et Namur deviennent des places maîtresses dans le cadre de la doctrine militaire de la Belgique neutre de l’époque : le général Brialmont fait construire autour de ces deux villes, entre 1888 et 1891, une ceinture de forts destinés à freiner une éventuelle invasion (la Prusse étant implicitement visée), de manière à permettre à l’armée de se mobiliser et de s’organiser dans Anvers, plus puissamment défendue encore et formant un réduit national. La ceinture des douze forts de Liège, situés sur un rayon de 7 kilomètres environ du centre-ville, n’a tenu que du 5 au 16 août 1914 face à l’invasion allemande – et la place d’Anvers jusqu’au 10 octobre, qui a néanmoins fixé des forces allemandes rendues ainsi indisponibles pour s’opposer aux Français sur la Marne.

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Écrit par

  • : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles
  • : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie

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Belgique : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Belgique : carte administrative

Liège, Belgique - crédits : A. Dorobek/ Shutterstock

Liège, Belgique

Autres références

  • LIÈGE PRINCIPAUTÉ DE

    • Écrit par et
    • 4 579 mots
    • 1 média

    La principauté épiscopale de Liège eut pendant huit siècles, du xe au xviiie siècle, une existence distincte de celle des autres principautés existant alors sur le territoire de l'actuel État belge. Principauté élective dotée d'institutions qui lui étaient propres et s'étendant de part et d'autre...

  • BOUILLON DUCHÉ DE

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    Actuellement ville de Belgique (province de Luxembourg), Bouillon fut sous l'Ancien Régime le centre d'un petit État protégé par le roi de France. C'est à l'origine une possession des comtes d'Ardennes. Godefroi de Boulogne (mort en 1100), fils d'Ide d'Ardennes, reçut château et seigneurie de Bouillon...

  • DINANDERIE

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    Le mot dinanderie vient du nom de la ville de Dinant en Belgique qui fut, avec Liège, Namur, Huy et l'ensemble de la vallée de la Meuse au Moyen Âge un centre florissant du travail du cuivre et du laiton. La dinanderie désignait alors la fonte du laiton alors qu'aujourd'hui ce mot désigne...

  • FERDINAND DE BAVIÈRE (1577-1650) prince-évêque de Liège (1612-1650)

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    Fils de Guillaume V, duc de Bavière, Ferdinand devient en 1612 archevêque de Cologne, évêque de Liège et de Munster. Ayant titre d'Électeur d'Empire, il participe aux élections successives des empereurs Matthias (1612) et Ferdinand II (1619). Il prend part à la guerre de Trente Ans (1618-1648),...

  • HUBERT saint (mort en 727)

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    De très grande famille, probablement apparenté aux Pépin, Hubert était sans doute marié quand il fut élu évêque de Maastricht vers 705. Il travailla à extirper de son diocèse les restes d'idolâtrie. Le 24 décembre 717 (ou 718), il transféra de Maastricht à Liège les reliques de...

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