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LIÈGE, ville

Le développement industriel

Les gisements de charbon sont exploités dans la région depuis le Moyen Âge. La fabrication artisanale des armes a été favorisée très tôt par le statut de neutralité de la principauté épiscopale, qui lui permettait d’en fournir à tous les belligérants. Dès les dernières décennies de l’Ancien régime, mais plus encore à partir du régime français puis de l’Union avec les Pays-Bas, le développement industriel capitaliste de grande dimension s’affirme en région liégeoise, sur la base de la houille et de la sidérurgie, sans oublier l’armurerie, les fabrications métalliques, l'industrie des métaux non ferreux (autour notamment de la Société de la Vieille-Montagne) et la cristallerie. La législation française a favorisé la formation d'entreprises plus importantes et mieux équipées ; la Fonderie impériale de canons est créée. Le roi Guillaume des Pays-Bas promeut ensuite la naissance, en 1822, de la Société générale des Pays-Bas pour développer l’industrie, qui jouera un rôle très important dans l'industrialisation du pays et de la région liégeoise en particulier. Le roi favorise aussi les entreprises de William Cockerill, émigré anglais qui, après avoir créé une entreprise de machines textiles dans la vallée de la Vesdre, à Verviers, développe ses activités dans la sidérurgie et la fabrication de machines au sud de Liège : le château de Seraing, ancienne résidence d'été des princes-évêques de Liège, accueille en 1817 un premier grand complexe sidérurgique à l'initiative de ses fils, John et James. Cet investissement permet la mise en œuvre de techniques innovantes et débouche sur de nouveaux produits : il rend compte du glissement de la sidérurgie, depuis les forges au charbon de bois localisées dans les vallées forestières ardennaises vers les nouveaux hauts-fourneaux au coke situés dans l’axe charbonnier. En 1829, Cockerill fournit le premier bateau à vapeur pour la navigation rhénane. La reprise d'ateliers existants à Ougrée par Gilles-Antoine Lamarche sera par ailleurs le point de départ d'un autre pôle de la sidérurgie liégeoise. Liège forme alors, en couple avec Verviers et son textile lainier, un des lieux géographiques majeurs de la révolution industrielle sur le continent.

Au début du xxe siècle, la région liégeoise – surtout entre Herstal, au nord de la ville, et Seraing, au sud de celle-ci – est le principal foyer industriel wallon. Si elle est dominée par l’acier et la houille, son activité est cependant sensiblement plus diversifiée que dans les bassins hainuyers de Charleroi, du Centre et du Borinage : en 1910, charbonnages et métallurgie de base représentent 45 % des emplois industriels de l’arrondissement de Liège, contre 60 % dans celui de Charleroi et 57 % dans le Borinage (le bassin situé à l’ouest de Mons). Néanmoins, comme ailleurs dans le Sillon wallon (les vallées de la Meuse, de la Sambre et de la Haine), le bassin industriel liégeois s’est largement développé sous le contrôle de banques mixtes, comme la Banque de Belgique au xixe siècle et la Société générale (qui ont leur siège à Bruxelles). Celles-ci ont favorisé la concentration des entreprises mais, à terme, cette dominance de l’industrie lourde apparemment puissante a conduit à une vulnérabilité aux crises et a rendu plus difficiles les reconversions, par la faiblesse de l’entrepreneuriat local et les formes spécifiques de la structuration sociale ouvrière qu’elle a produite.

Après la crise des années 1930, l'industrie liégeoise connaît un certain redressement à la veille de la Seconde Guerre mondiale, grâce en particulier à l'achèvement, en 1939, du canal Albert à grand gabarit reliant Liège à Anvers, qui remplace le vieux canal de Campine. Elle se maintient dans l’immédiate après-guerre, son potentiel ayant été préservé pour l'essentiel[...]

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Écrit par

  • : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles
  • : docteur en sciences géographiques, professeur émérite à l'Université libre de Bruxelles, membre de la classe des lettres de l'Académie royale de Belgique, président de la Société royale belge de géographie

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Belgique : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Belgique : carte administrative

Liège, Belgique - crédits : A. Dorobek/ Shutterstock

Liège, Belgique

Autres références

  • LIÈGE PRINCIPAUTÉ DE

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    • 1 média

    La principauté épiscopale de Liège eut pendant huit siècles, du xe au xviiie siècle, une existence distincte de celle des autres principautés existant alors sur le territoire de l'actuel État belge. Principauté élective dotée d'institutions qui lui étaient propres et s'étendant de part et d'autre...

  • BOUILLON DUCHÉ DE

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    Actuellement ville de Belgique (province de Luxembourg), Bouillon fut sous l'Ancien Régime le centre d'un petit État protégé par le roi de France. C'est à l'origine une possession des comtes d'Ardennes. Godefroi de Boulogne (mort en 1100), fils d'Ide d'Ardennes, reçut château et seigneurie de Bouillon...

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    Le mot dinanderie vient du nom de la ville de Dinant en Belgique qui fut, avec Liège, Namur, Huy et l'ensemble de la vallée de la Meuse au Moyen Âge un centre florissant du travail du cuivre et du laiton. La dinanderie désignait alors la fonte du laiton alors qu'aujourd'hui ce mot désigne...

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    Fils de Guillaume V, duc de Bavière, Ferdinand devient en 1612 archevêque de Cologne, évêque de Liège et de Munster. Ayant titre d'Électeur d'Empire, il participe aux élections successives des empereurs Matthias (1612) et Ferdinand II (1619). Il prend part à la guerre de Trente Ans (1618-1648),...

  • HUBERT saint (mort en 727)

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