LIÈGE, ville

Les défis de la reconversion

Comme le reste du Sillon wallon, la région liégeoise est confrontée dès 1959 à la crise charbonnière : peu à peu, les charbonnages cessent leurs activités. Cette crise n’est cependant que le signe avant-coureur d'une autre, plus générale, plus profonde, due au vieillissement des structures industrielles des bassins wallons et à la faiblesse du contrôle local sur l’économie, qui affecte fortement tout le secteur métallurgique. Les interventions financières des pouvoirs publics, les processus de fusion menés vers 1970, la construction d’une coulée continue et d’un nouveau laminoir à chaud à Chertal, au nord de Liège, en 1963, ne suffisent pas à sauver la sidérurgie liégeoise. Toute activité à chaud cesse en 2011.

Dans le reste du secteur industriel, la Fabrique nationale d’armes, créée en 1889, reprise par la Région wallonne en 1997, se maintient à Herstal, au nord de Liège. On trouve aussi, à Jupille-sur-Meuse, la grande brasserie Jupiler (ex-Piedbœuf), du groupe A-B InBev. Les foyers de reconversion principaux se situent maintenant sur les plateaux dominant la rive gauche de la Meuse : sur le territoire d’Herstal et d’Oupeye, le parc industriel des Hauts-Sarts, le plus grand de Wallonie, qui s'étend le long de la ceinture autoroutière, concentre le trafic en provenance de l’axe wallon, de Bruxelles, d’Anvers et d’Allemagne ; la logistique se développe autour de l’aéroport de Bierset, spécialisé dans le fret et devenu le cinquième aéroport d’Europe de ce point de vue. Liège dispose également d’un important port fluvial, accessible aux bateaux de 9 000 tonnes, à l’aboutissement du canal Albert vers Anvers et du canal Juliana qui double la Meuse vers les Pays-Bas, avec un terminal trimodal (Trilogiport). C’est le troisième port fluvial d’Europe, après Duisbourg et Paris. Enfin, un pôle technologique, biotechnologique et spatial se développe sur le site du plateau du Sart-Tilman, au sud de la ville, où l'université s'est progressivement implantée, hors agglomération, à partir de 1967, la faculté de philosophie et lettres et le rectorat restant cependant localisés dans les bâtiments historiques de la place du Vingt-Août.

La ville de Liège proprement dite est toujours demeurée plus bourgeoise que ses environs, même au temps de la splendeur de la grande industrie. Elle possède un riche patrimoine architectural (palais des Princes-Évêques, palais Curtius, église Saint-Jacques, rue Hors-Château, etc.), malheureusement quelque peu dénaturé par des opérations urbanistiques modernistes réalisées dans les années 1960 et des constructions aux gabarits disproportionnés le long de la Meuse et de l’Ourthe canalisée. Même si la ville s’est tertiarisée, comme les autres grandes villes wallonnes, elle manque de services marchands de haut niveau, en raison du poids de son histoire économique presque exclusivement industrielle : il n’y a que très peu de sièges sociaux de firmes importantes à Liège. Depuis le début du xxi^e siècle, la ville tente de renforcer son attractivité par de vastes opérations d’aménagement : grand centre commercial en rive droite de la Meuse à Belle-Île (1995), entre Angleur et Grivegnée ; nouvelle gare des Guillemins, due à l’architecte Santiago Calatrava Valls, inaugurée en 2009 ; création la même année de Mediacité, associant un centre commercial et des entreprises culturelles et audiovisuelles sur la rive droite, reliée à la gare par une passerelle sur le fleuve (2016) ; ouverture en 2025 d’une ligne de tramway traversant toute la ville du nord au sud.