LIEUX SAINTS
Appellation générique des lieux où l'Écriture et la Tradition situent les scènes essentielles de la vie et de la passion du Christ. La piété des fidèles se porta dès le IIe siècle vers ces lieux — Jérusalem, Bethléem, un peu plus tard Nazareth —, et c'est en vain que l'empereur Hadrien tenta de détourner les pèlerins de la grotte de Bethléem. La plupart de ces lieux furent aménagés en édifices de culte au temps de Constantin, parfois grâce au remploi d'édifices juifs antérieurs au Christ ; à la même époque, des fouilles permirent de découvrir des lieux saints ignorés des premiers siècles, comme le tombeau du Christ. On construisit la basilique de la Nativité à Bethléem, et, à Jérusalem, celle du Saint-Sépulcre (reconstruite au xie siècle), celle d'Eleona ou du mont des Oliviers et celle de Sainte-Sion ou du Cénacle, également considérée comme bâtie sur la maison où saint Jean aurait recueilli la Vierge. Les basiliques de l'Ascension (dont on s'inspira plus tard pour la mosquée d'Omar) et de Gethsémani furent édifiées au cours du ive siècle. Quelques autres suivirent au ve siècle, comme Saint-Étienne, Sainte-Sophie (encore appelée le « prétoire de Pilate »), la piscine de Siloé ou le tombeau de la Vierge. Justinien embellit au vie siècle nombre d'églises et fit élever à Jérusalem Sainte-Marie-la-Neuve.
La plupart de ces églises combinaient les deux partis architecturaux de la basilique classique à nefs, lieu de réunion, et du martyrium sur plan central, lieu de vénération, commémorant précisément le lieu auquel s'attachait le souvenir historique. Nombre d'églises tombèrent en ruines en 614 à la suite de l'invasion perse et, à partir de 638, du fait du défaut d'entretien sous la domination arabe, voire du remploi de certaines d'entre elles comme mosquées. Seule, la basilique du Saint-Sépulcre demeurait en état au xie siècle, au cœur d'un quartier chrétien qui occupait le nord-ouest de la ville de Jérusalem. La domination franque vit, au xiie siècle, leur restauration ou leur reconstruction. On joignit alors aux églises des édifices utilitaires, notamment des hôpitaux destinés aux pèlerins. L'armée de Saladin détruisit à peu près tout lors de la campagne décisive de 1187.
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Écrit par
- Jean FAVIER : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France
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