RICHIER LIGIER (1500 env.-av. 1567)
Né à Saint-Mihiel en Lorraine sans doute dans les dernières années du xve siècle, Ligier Richier acquit, semble-t-il, très rapidement une grande réputation de sculpteur puisque, selon un texte de 1532, on le tenait alors pour « le plus expert et meilleur ouvrier en dict art que l'on vit jamais ». Sa première œuvre conservée serait le Retable de l'église d'Hattonchâtel (1523) ; par comparaison avec la Crucifixion qui forme le groupe central de ce retable, on lui a attribué les trois figures du Calvaire de Génicourt, le Christ entre les larrons de Saint-Pierre de Bar-le-Duc, et de façon peut-être imprudente un Christ à Notre-Dame de Bar-le-Duc. La Vierge de pitié d'Étain (Meuse) que l'on peut dater de 1528 (mais la signature que l'on y voit actuellement est apocryphe) est sans doute antérieure au Calvaire de Saint-Mihiel, dont il subsiste deux admirables morceaux (la Pâmoison de la Vierge, église Saint-Michel à Saint-Mihiel, et la Tête du Christ au Louvre). Le Calvaire de Briey (1534 ?), mieux conservé, est surtout connu pour la figure de la Madeleine agenouillée. Mais en 1533 Ligier Richier résidait à Nancy, au service de la famille ducale de Lorraine ; il semble avoir bénéficié de la protection du duc Antoine et de sa mère Philippe de Gueldre qui lui aurait commandé le Christ portant sa croix de Pont-à-Mousson et un crucifix conservé actuellement à la cathédrale de Nancy. C'est sans doute à la chapelle des Princes de la collégiale de Bar-le-Duc (1554) que l'artiste donna le meilleur de lui-même, mais il ne reste plus que quelques fragments de cet ensemble (dont une Tête de saint Jérôme et un Enfant Jésus, au Louvre) et c'est surtout le fameux « squelette de Bar », le « transi », emblème de la Résurrection dressé sur le tombeau de René de Chalon, prince d'Orange (mort en 1544) qui a rendu l'artiste populaire. À ce morceau dont la virtuosité fait valoir le pathétique un peu factice, on peut préférer l'émouvant gisant de Philippe de Gueldre (morte en 1547) aux Cordeliers de Nancy. Les circonstances dans lesquelles Richier exécuta les treize personnages du Sépulcre (église Saint-Étienne de Saint-Mihiel) restent obscures : on s'accorde à y voir sa dernière création, antérieure toutefois à 1560, date à laquelle l'artiste avait embrassé la foi protestante. En 1563-1564, il s'exile à Genève où il rejoint sa fille Bernardine ; il mourut dans cette ville avant 1567. Par son fils Gérard, Richier est à l'origine d'une lignée nombreuse de sculpteurs, très actifs en Lorraine au début du xviie siècle et qu'on a parfois désignée abusivement comme l'école de Saint-Mihiel.
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Écrit par
- Jean-René GABORIT : conservateur général chargé du département des Sculptures, musée du Louvre
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Médias