LIGNAGE
Les divers types de lignage
Les lignages patrilinéaires
Les lignages patrilinéaires réussissent à organiser de façon très cohérente la règle de filiation agnatique, la résidence patrilocale et le principe de l'autorité masculine. Il est important d'avoir des fils et l'on ne se préoccupe pas tant du sort des filles, si ce n'est pour les marier au-dehors et obtenir, en échange, des épouses pour les hommes du lignage. L'ancienne Rome, la Chine et presque tout le monde arabe, entre autres, connaissent des lignages patrilinéaires.
En Chine, on comptait des lignages d'une grande profondeur généalogique remontant souvent à vingt-cinq générations, à partir de leur fondation. Ils étaient subdivisés en sous-lignages disséminés parfois en plusieurs villages. Les femmes au moment de leur mariage étaient transférées dans le lignage de leur mari et ne devaient plus le quitter jusqu'à leur mort, à moins qu'elles ne soient remariées après veuvage dans un autre lignage, par le soin du lignage de leur premier époux.
Un autre exemple de lignages patrilinéaires est fourni par les Tallensi du Nord-Ghana. Ce sont des éleveurs cultivateurs et la densité de la population est assez forte pour que la femme mariée ne soit jamais très loin du lieu de son lignage natal. Les Tallensi font en sorte que les femmes mariées participent aux affaires de leur lignage d'origine. De même, les fils de sœurs peuvent-ils prendre part au culte de leurs ancêtres en ligne maternelle. Les lignages patrilinéaires Tallensi sont donc des groupes de filiation patrilinéaire qui admettent la transmission complémentaire d'éléments en ligne utérine ; c'est la complementary filiation de M. Fortes.
Les lignages matrilinéaires
Les lignages matrilinéaires s'efforcent de concilier la règle de filiation matrilinéaire, dont les femmes sont les chaînons essentiels, avec des systèmes de pouvoir qui donnent autorité aux frères sur les sœurs. La solution mise en œuvre par les Nayar de la côte de Malabar réduit le rôle des maris à celui de simples agents reproducteurs, sans pouvoir sur leurs épouses. Le groupe des frères et des sœurs a une résidence commune, matrilocale. Il en va de même chez les Menangkabau de Sumatra et chez les Ashanti du Ghana, au détriment de la famille nucléaire, les maris étant « empruntés ».
À l'opposé, la société des îles Trobriand décrite par B. Malinowski accorde une place plus importante aux maris qui ont pouvoir sur leurs épouses et sur leurs enfants en bas âge. Mais, une fois grands, ces enfants sont rappelés auprès de leur oncle maternel (résidence dite avunculocale). Ici, ce sont les sœurs qui se trouvent « prêtées » à l'extérieur pour permettre au lignage matrilinéaire d'avoir des descendants mâles qui puissent le diriger. Ces difficultés montrent la vulnérabilité des lignages matrilinéaires, due pour l'essentiel à l'asymétrie de la relation entre les sexes, car ce sont toujours les hommes qui échangent les femmes et détiennent l'autorité.
Les lignages indifférenciés
Les lignages indifférenciés se composent des personnes qui peuvent remonter par une ligne généalogique quelconque à un ancêtre commun. Une même personne peut ainsi appartenir à plusieurs groupes de filiation pour autant qu'elle puisse se relier généalogiquement à certains de ses ancêtres. Dans ces conditions, les groupes de filiation indifférenciés se recoupent et ne forment pas des ensembles distincts. Ils ne peuvent donc remplir les mêmes fonctions que les groupes unilinéaires, comme par exemple celle de groupe localisé, mais peuvent parfaitement avoir des fonctions rituelles propres, comme chez les Sagada Igorots des Philippines.
Au contraire, si un groupe se compose d'une fraction seulement des descendants d'un même ancêtre, ceux-ci, pour avoir choisi de rester sur une même terre, peuvent[...]
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Écrit par
- Daniel de COPPET : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
Classification
Média
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