LILLE
À moins de 15 kilomètres de la frontière franco-belge, la ville de Lille, 235 180 habitants en 2012, est le cœur d'une vaste agglomération, Lille-Métropole, de plus de 1 million d'habitants pour sa seule partie française et 1,3 million en ajoutant sa partie belge – et d'une aire urbaine transfrontalière de près de 3 millions d'habitants. Capitale de la région Nord - Pas-de-Calais jusqu’en 2015, Lille est depuis 2016 le chef-lieu de la nouvelle grande région Hauts-de-France. La ville appartient à la région historique de la Flandre (ancien comté de Flandre). Touchée par de nombreux conflits qui ont entraîné des reconstructions partielles, la ville dispose d'un patrimoine très diversifié qui fait l'objet de politiques de réhabilitation.
Histoire et activités
Fondée au Moyen Âge, Lille (Rijsel en flamand) tire son nom de son site primitif : une terre ferme entre les bras marécageux de la Deûle. Là, ce petit affluent de la Lys, à lent débit, qui déjà en amont se frayait difficilement son chemin à travers une basse banquette de craie, s'étalait jadis au contact des argiles flamandes. Aussi, bien que située en plaine vers 20 mètres d'altitude, la ville a subi au cours de son développement de réelles contraintes de site : ruisseaux et canaux de drainage, aujourd'hui souterrains, ont sillonné la ville jusqu'au xviiie siècle. L'agglomération contemporaine s'est étendue au-delà, au sud et à l'est, sur le replat crayeux dont on a tiré la pierre des monuments, et, au nord et à l'ouest, sur une succession de petites ondulations argilo-sableuses.
Au-dessus du port fluvial (au pied du palais de justice actuel) et de la chaussée qui menait d'Arras à Tournai, fut d'abord bâtie une motte fortifiée d'un donjon (à l'emplacement de la cathédrale). Les comtes de Flandre y établirent au xie siècle une de leurs capitales. Lille se développa dès lors en ville double, avec la cité comtale (le Vieux-Lille) et la cité des marchands, autour du marché (la Grand-Place), prolongée par le faubourg ouvrier de Saint-Sauveur. Elle participa pleinement à l'essor des villes drapantes flamandes et en a connu les vicissitudes. Échue dans l'héritage bourguignon, elle connut un peu du faste des cours princières : Banquet du Vœu du Faisan en 1454, premier chapitre de l'ordre de la Toison d'or.
Lille se trouvait déjà au cœur d'une des régions les plus industrieuses et les plus densément peuplées de France, et comptait 60 000 habitants quand elle fut prise par les Français en 1667. Vauban l'entoura aussitôt d'un corset de fortifications, renforcé par la « reine des citadelles », à l'extérieur de l'enceinte. Après une période d'expectative, Lille s'abandonna sans réticence à Louis XIV, très respectueux par ailleurs des franchises fiscales et des particularismes locaux – parmi lesquels un corps de canonniers miliciens qui, en 1792, assura seul la défense de la ville contre les Autrichiens.
Le xixe siècle fut celui de l'essor manufacturier, aussi spectaculaire dans les villes périphériques, aujourd'hui englobées dans l'agglomération, qu'à Lille même. Roubaix est ainsi passé de 8 000 habitants en 1800 à plus de 125 000 en 1900, Tourcoing de 10 000 à 75 000. Filature et tissage de la laine et du coton s'y sont relayés et, de crise en crise, ont assuré une expansion continue. L'usine a en quelque sorte créé la ville. Chaque vague industrielle a été accompagnée d'une vague de peuplement, alimentée en grande partie par une immigration belge, qui formait plus de la moitié de la population de Roubaix dans le dernier tiers du xixe siècle. Il s'ensuivit une prolifération anarchique de corons et de courées – comme la tristement fameuse rue des Longues-Haies à Roubaix,[...]
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Écrit par
- Jean-Jacques DUTHOY : professeur à l'École européenne de Bruxelles
- Pierre-Jean THUMERELLE : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)
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