LIMERICK
Ville de la côte ouest de la république d'Irlande, dans la province de Munster, située au fond de l'estuaire du Shannon. L'implantation humaine semble être très ancienne à Limerick (gaélique : Luimneach) ; à proximité se trouve le site de Lough Gur, le plus important habitat néolithique irlandais connu. De très nombreuses traditions se rapportent à l'Antiquité (passage de saint Patrick), mais la ville n'apparaît dans l'histoire que vers 840 lorsqu'elle est détruite par les Norvégiens qui, conscients de la valeur de sa position, la reconstruisent et établissent une ville-État, centre de commerce et leur principal point d'implantation sur la côte ouest. Ils en sont chassés à la fin du xe siècle par Brian Boru ; la ville est de nouveau anéantie, mais se relève vite et devient la capitale du royaume de Limerick. Après la conquête anglaise en 1175, elle reste encore souvent entre les mains de chefs irlandais ; en 1197, Richard Cœur de Lion lui accorde une charte ; quelques années plus tard, elle reçoit des fortifications et devient une importante place forte anglaise qui soutient plusieurs sièges aux xiiie et xive siècles. Le commerce se développe, la ville s'étend et une nouvelle muraille est construite au xve siècle ; Limerick devient une des places les plus sûres d'Irlande. Elle reçoit, en 1609, le statut de comté et ses marchands jouissent des mêmes privilèges que ceux de Dublin. Cromwell fait prendre la ville par son gendre Henry Ireton au prix d'un siège de six mois et grâce à une puissante artillerie ; ce succès, en 1650, contribue à parachever la reconquête de l'Irlande au temps de la révolution.
Place forte de première importance, Limerick se retrouve dans le camp des adversaires du pouvoir anglais lors de la grande révolte jacobite de 1689-1691. Et c'est la reddition de son défenseur, Patrick Sarsfield, qui permet à Guillaume d'Orange d'imposer son autorité. Le traité dit « de Limerick », signé le 3 octobre 1691, contenait des promesses formelles faites aux catholiques, et, parce qu'elles n'ont pas été tenues, le nom de Limerick a souvent été associé, à l'époque contemporaine, chez les nationalistes irlandais, au mythe de la « fourberie anglaise ». Le rôle militaire de Limerick décline ensuite. En 1760 commence le démantèlement des fortifications. Au moment où la conjoncture économique est favorable au commerce atlantique de l'Irlande, la ville s'accroît (quartier de Newtown Pery). Au xxe siècle, l'aménagement hydroélectrique du Shannon (centrale d'Ardnacrusha, 1929) et l'installation d'une zone franche à proximité de l'aéroport de Shannon, à vingt-cinq kilomètres de la ville, favorisent le développement de celle-ci qui, avec 52 500 habitants au recensement de 2006, est la quatrième ville de la république d'Irlande. Outre les pêcheries de saumon sur le Shannon, Limerick possède des industries alimentaires. Son port est ouvert sur l'Atlantique.
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Écrit par
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média
Autres références
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IRLANDE
- Écrit par David GREENE et Pierre JOANNON
- 16 195 mots
- 8 médias
...orangistes. Pour mettre fin au siège de la ville, les Jacobites sous Sarsfield et les Williamites sous Ginkel signèrent le 30 octobre 1691 le traité de Limerick qui mettait fin à la guerre dans l'honneur. Les soldats du roi Jacques étaient autorisés à s'embarquer pour la France. Les catholiques se voyaient... -
IRLANDE RÉPUBLIQUE D' (EIRE)
- Écrit par Brigitte DUMORTIER , Encyclopædia Universalis et Pierre JOANNON
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...traditionnel de l'espace rural s'ajoutent des entités administratives urbaines, insérées ou non dans les comtés selon leur importance. Cinq cités (cities), Dublin, Cork, Galway, Limerick, Waterford, jouissent de prérogatives équivalentes à celles des comtés et cinq bourgs (boroughs), Clonmel, Drogheda...