LINGUISTIQUE Domaines
La lexicologie, la sémantique et la pragmatique
Ces trois sous-domaines abordent la signification sous des angles différents.
La lexicologie
La lexicologie est l'étude de la signification des unités qui constituent le lexique d'une langue. À ce titre, elle participe de la sémantique : on peut la dénommer sémantique lexicale, par opposition à la sémantique grammaticale, qui s'occupe d'une part de la signification des mots morphologiquement complexes, et d'autre part de la signification des structures syntaxiques. La lexicologie doit être distinguée de la lexicographie, qui a pour objet la confection et l'écriture des dictionnaires – qu'il s'agisse de dictionnaires sur support papier, ou de dictionnaires électroniques. Les deux points de vue peuvent toutefois se trouver réunis, comme dans le cas de la lexicologie dite explicative et combinatoire, développée autour d’Igor Mel’chuk à Montréal, qui propose une méthode de construction d’articles de dictionnaire fondée sur la théorie linguistique appelée Sens-Texte. Il s’agit là d’une entreprise d’ordre essentiellement théorique : recourant à un métalangage complexe, le dictionnaire élaboré sur ces bases, qui décompose le sens selon des principes rigoureux et décrit exhaustivement la combinatoire syntaxique et lexicale, ne contient de fait que quelques centaines d’articles.
Pour décrire et représenter la signification des unités lexicales, les lexicologues ont élaboré diverses théories. L'approche classique, héritée des Anciens, recourt aux concepts logiques d'intension et d'extension, et considère que la signification d'une unité donne les conditions nécessaires et suffisantes que le référent (objet ou situation du monde) doit satisfaire pour pouvoir être dénommé par cette unité. L'approche structuraliste, reprenant la notion saussurienne de valeur, a proposé de décomposer la signification des unités en traits distinctifs appelés sèmes, et de regrouper les unités en champs lexicaux en fonction des sèmes qui leur sont communs : c'est ce que l'on appelle l'analyse componentielle (ou sémique). D'autres approches plus récentes (les unes par stéréotype, les autres par prototype) ont remis en cause les principes logiques de l'approche classique ; rejetant l'idée de conditions nécessaires et suffisantes, ces approches raisonnent en termes de gradients allant du plus au moins prototypique : ainsi, par exemple, le moineau est-il un représentant de la catégorie « oiseau » plus prototypique que l'autruche.
Un autre secteur théorique actuellement très productif est celui de la phraséologie, c’est-à-dire l'étude des tournures considérées comme typiques d’une langue, du fait de leur fréquence ou de leur caractère idiomatique ; les notions centrales sont ici celles de « figement » et de « collocation ». Il existe des degrés dans le figement : une expression est dite totalement figée lorsqu’elle n’accepte aucune variation et que son sens ne peut se déduire de la composition des sens de ses constituants (à propos d’un fait divers, il n’est pas possible de parler d’un fait « plus divers » qu’un autre ; casser sa pipe signifie « mourir », et non pas « briser sa bouffarde ») ; une expression est dite semi-figée lorsque l’on peut introduire des variations et que son sens n’est pas totalement opaque (à propos d’un fait historique, il est possible de parler d’un fait « plus historique » qu’un autre ; brûler ses vaisseaux, au sens de « s’interdire de reculer », expression ni totalement libre, ni totalement figée, se comprend sur la base d’une métaphore). Une collocation est une expression qui comporte plusieurs (généralement deux) constituants en forte affinité : ainsi instaurer un embargo ou abolir la peine de mort.
À côté de ces[...]
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Écrit par
- Catherine FUCHS : directrice de recherche émérite au CNRS
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Médias
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