LINGUISTIQUE Le langage au carrefour des disciplines
Les technologies de l'information et de la communication
Le langage intervient dans tous les secteurs de l'activité humaine. D'où un certain nombre de problèmes pratiques, nécessitant la mise en œuvre de technologies diverses ; les enjeux économiques sont très importants dans ce domaine. Pour aider à élaborer ou à améliorer ces technologies, il serait utile (mais c’est loin d’être toujours le cas) de s’appuyer sur les connaissances des linguistes. On est ici dans le domaine des applications de la linguistique : l'expression même de « linguistique appliquée », qui a connu une grande vogue dans les années 1960, a été progressivement restreinte au secteur qu'elle désignait de façon privilégiée à l'origine, celui de l'enseignement des langues – les autres secteurs, en particulier celui du traitement automatique des langues, ayant pris leur autonomie.
L'enseignement des langues
En matière d'enseignement des langues, il convient de distinguer trois cas : l'enseignement de la langue maternelle, celui d'une langue seconde dans un cadre de bilinguisme et celui d'une langue étrangère.
L'enseignement de la langue maternelle, chez le jeune enfant, concerne d'abord l'acquisition de la lecture et de l'écriture : les connaissances requises pour l'élaboration des méthodes d'apprentissage sont ici d'ordre psycholinguistique. En ce qui concerne la grammaire, la mise en œuvre précipitée et inconsidérée de notions linguistiques nouvelles (liées à la grammaire générative) a, dans les années 1970, suscité de vifs débats ; depuis lors, on a pu assister à un retour des nomenclatures plus traditionnelles. Par ailleurs, le privilège traditionnellement accordé en France à la correction orthographique, à la langue normée et au registre de l'écrit littéraire a conduit à un divorce de plus en plus marqué entre la langue de l'élève et celle du maître et des manuels : pour répondre à la situation de crise qui en est résultée vers la fin des années 1960, les pédagogues se sont tournés vers les travaux des sociolinguistes. Enfin, une attention grandissante a été apportée à la dimension communicative de la langue : sous l'étiquette de « techniques d'expression », on a ainsi assisté à la réimportation de certains apports de la rhétorique.
Les situations de bilinguisme donnent également lieu à des démarches pédagogiques : au Canada en particulier, des classes dites d'« immersion totale » ont été expérimentées, où toutes les disciplines sont systématiquement enseignées dans la langue seconde, afin de consolider la maîtrise de cette langue.
L'enseignement des langues étrangères, quant à lui, a connu un renouvellement important par l'introduction des méthodes dites « directes ». Contrairement à l'enseignement traditionnel, centré sur l'étude de la langue écrite, sur le recours à la traduction et sur l'apprentissage des règles de grammaire, les méthodes directes ont mis l'accent, depuis les années 1960, sur la pratique de la langue privilégiant la langue orale et les « compétences communicatives » dans des situations concrètes de production et de compréhension. Toujours dans la perspective de la pratique langagière, ce sont les méthodes dites « actionnelles » qui, actuellement, connaissent les faveurs des didacticiens : il s'agit de donner à l'apprenant les moyens de communiquer pour accomplir une tâche donnée. Ces divers types de méthodes directes s'appuient sur les ressources technologiques existantes : outils audiovisuels, laboratoires de langues et logiciels d'enseignement programmé par ordinateur (appelés didacticiels), mais aussi tablettes, smartphones, etc. La question de l'efficacité de ces techniques didactiques, tout comme celle de la solidité de leurs bases théoriques, reste cependant ouverte. Par ailleurs, l'enseignement des langues[...]
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Écrit par
- Catherine FUCHS : directrice de recherche émérite au CNRS
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Médias
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