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HAMPTON LIONEL (1908-2002)

Flying Home

En 1940, Hampton quitte Goodman pour fonder son propre big band, qui devient très vite populaire. Les solistes les plus huppés s'y succèdent : Cootie Willians, Johnny Hodges, Clifford Brown, Art Farmer, Illinois Jacquet, Dexter Gordon, Charlie Mingus, Milt Buckner... La précision de la mise en place n'est pas le souci majeur d'une formation propulsée par la puissance d'un swing élémentaire mais efficace. Sous la passion communicative de son turbulent agitateur, l'orchestre fait monter la tension jusqu'à des paroxysmes quasi extatiques. Le 26 mai 1942, Hampton grave avec lui la plus célèbre version d'un thème sur lequel il revient sans cesse, Flying Home. Le 18 janvier 1944, Hampton participe au célèbre concert que la revue Esquire organise au Metropolitan Opera de New York et qui sera enregistré sur un V-disc (ces Victory-Discs – « disques de la Victoire » – étaient des 78-tours 30 cm destinés à divertir les troupes américaines). On peut l'y entendre jouer Flying On A V-Disc, version endiablée de Flying Home, accompagné par l'élite du jazz : Louis Armstrong, Roy Eldridge, Barney Bigard, Coleman Hawkins, Art Tatum, Al Casey, Oscar Pettiford et Big Sid Catlett.

Le 4 août 1947, à Pasadena (Californie), Hampton offre, en public, ce qui est sans doute la plus échevelée de ses interventions au vibraphone – et elle dure cinq bonnes minutes sans la moindre baisse d'intensité –, sur l'un de ses thèmes fétiches, Stardust. Il est, à la fin des années 1940, au faîte de ses moyens musicaux.

À partir du début des années 1950, les tournées se multiplient et son orchestre triomphe en Europe, en Australie, au Japon, en Afrique, au Moyen-Orient. Il enregistre à Paris avec Mezz Mezzrow ainsi qu'avec des jazzmen français : Claude Bolling, Alix Combelle, Jean-Claude Pelletier, Guy Lafitte, Sacha Distel, René Urtreger. Grâce au producteur Norman Granz, il rencontre en 1955 Stan Getz, avec lequel il grave l'album Hamp and Getz, en compagnie de Leroy Vinnegar (contrebasse), Lou Levy (piano) et Shelly Manne (batterie). Avec son big band, il fréquente les plus grands festivals de jazz. Il se produit parfois avec une petite formation issue de l'ensemble et appelée Inner Circle.

En 1973, Hampton retrouve Benny Goodman à Newport. Mais, l'âge venant, il n'a plus le jeu survolté qui a fait sa gloire. La fantaisie tourne parfois à l'exhibition de mauvais goût et l'amuseur public se caricature. L'orchestre, cramponné au blues malgré les assaut du be-bop, n'offre plus guère qu'une brutalité préfabriquée. Le mythe survit mais tombe en poussière. Hampton, entouré de musiciens qui ne le valent pas, se produira cependant jusqu'en 1993. En janvier 1997, l'incendie accidentel de son appartement détruit toutes ses archives : partitions, instruments, disques rares. Lionel Hampton meurt le 31 août 2002 à New York. L'un de ses vibraphones est conservé au National Museum of American History. « Hamp » a publié une autobiographie avec James Haskins, Hamp : an Autobiography (New York, 1989).

— Pierre BRETON

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Média

Lionel Hampton - crédits : Hulton-Deutsch/ Corbis Historical/ Getty Images

Lionel Hampton

Autres références

  • BUCKNER MILTON (1915-1977)

    • Écrit par
    • 634 mots

    Sa verve s'exprimait en musique comme dans tout le reste de sa vie. Pianiste et organiste, Milton « Milt » Buckner voulait être à la fois un homme de spectacle et un musicien ; il souhaitait que sa musique plaise, par sa force rythmique, qu'elle détende et amuse ; mais il ne fit jamais de concessions...

  • JAZZ

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    • 10 992 mots
    • 26 médias
    ...ainsi qu'aux bassistes Jimmy Blanton, de chez Ellington, et Walter Page, de chez Basie. Elle doit tout autant à cet ancien batteur devenu vibraphoniste, Lionel Hampton, tempérament inventif et bouillant qui, après avoir animé, à la fin des années 1930, de petites formations à l'admirable équilibre (...