JOSPIN LIONEL (1937- )
Homme politique français, Premier ministre de 1997 à 2002.
Lionel Jospin est né le 12 juillet 1937 à Meudon (en Seine-et-Oise, auj. Hauts-de-Seine), dans une famille protestante. Son père, à la forte personnalité, est éducateur spécialisé, mais aussi un militant pacifiste et SFIO qui refusera le Programme commun et l'alliance avec le Parti communiste (PC). Sa mère est sage-femme, et inculque à ses enfants le souci d'aider les autres. Il adhère au Parti socialiste unifié (PSU) par hostilité à la guerre d'Algérie, entre à l'École nationale d’administration (ENA) en 1963, en sort diplomate en 1965, ce qui le contraint à un devoir de réserve et le laisse spectateur de Mai-68. D'où une certaine frustration qui le pousse à quitter le Quai d'Orsay pour l'enseignement. Il décroche un poste de professeur d'économie à l'IUT de Sceaux.
C'est alors que la politique le rattrape enfin. Malgré le bref passage au PSU, il s'était toujours méfié des partis. Il noue dans les années 1960 des liens avec l'Organisation communiste internationaliste (OCI) qu'il conservera au moins jusqu'à son adhésion au Parti socialiste (PS), mais ne fera état de ce passé trotskiste qu'en 2001. C'est Pierre Joxe, rencontré au ministère des Affaires étrangères, qui le convainc, en 1971, d'adhérer au PS de François Mitterrand. Le futur président remarque vite ce grand jeune homme à la coiffure « afro », mais à la pensée claire et à la loyauté indéfectible. L'ascension est fulgurante. Il entre dès 1973 au bureau national et au secrétariat, en charge de la formation puis du Tiers Monde. Six ans plus tard, il est numéro deux du PS, responsable des relations internationales et des négociations alors délicates avec le PC. « C'était le seul dont j'étais sûr qu'il ne passerait pas sous la table si les communistes tapaient dessus », dira plus tard François Mitterrand. Il se fait d'ailleurs remarquer en tenant la dragée haute à Georges Marchais, alors au sommet de son art, lors d'un débat aux « Dossiers de l'écran » en 1980.
François Mitterrand élu président de la République, c'est tout naturellement que Lionel Jospin devient le premier secrétaire du PS en 1981. Pendant tout le premier septennat, il sera ainsi étroitement associé aux décisions du pouvoir. Mais les relations avec le chef de l'État ne vont pas tarder à se distendre. Lionel Jospin vit mal l'ascension d'un autre « dauphin », Laurent Fabius, appelé à Matignon en 1984. Il n'accepte pas, en 1988, de voir le PS écarté de la campagne pour la réélection de François Mitterrand. D'ailleurs, il aspire à de nouvelles fonctions et annonce sans prévenir personne qu'il ne sera plus premier secrétaire après l'élection. « Bonjour la liberté, bonjour la vie ! », lance-t-il à la télévision.
C'est en fait pour Lionel Jospin le début des ennuis. Certes, il est, avec rang de ministre d'État, ministre de l'Éducation, en charge d'un budget en considérable augmentation. Mais il n'a plus la confiance de François Mitterrand, auquel il s'oppose lorsque le président veut imposer Laurent Fabius à la tête du PS. La crise atteint son paroxysme au congrès de Rennes en mars 1990, dont Lionel Jospin sort vainqueur mais meurtri, à l'image du Parti socialiste. Il prend ouvertement ses distances avec François Mitterrand dans un ouvrage très personnel, L'Invention du possible. En avril 1992, il n'est plus ministre.
Le 3 avril 1993, lorsqu'il annonce, pour la première fois, son retrait de la vie politique, Lionel Jospin n'est plus rien. Ou presque. Simple conseiller général de Cintegabelle, en Haute-Garonne. « Sainte-Gamelle », ironise-t-on alors. Il vient d'être battu, comme tant d'autres, aux élections législatives. Un an plus tôt,[...]
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Écrit par
- Bruno DIVE
: journaliste éditorialiste à
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