Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LIPPI Fra FILIPPO (1406-1469)

Placé tout jeune chez les Carmes de Florence, le futur peintre Filippo Lippi prononce ses vœux à quinze ans, quitte le monastère dix ans plus tard tout en gardant l'habit, part pour Padoue, revient à Florence (en 1437), mais non au couvent, s'attire quelques difficultés avec les autorités civiles et religieuses en raison de son existence peu monacale, reçoit des bénéfices ecclésiastiques dont il est privé ensuite ; en 1456, il n'en est pas moins nommé chapelain du couvent de Sainte-Marguerite à Prato ; il enlève une religieuse qui, l'année suivante, lui donne un fils, Filippino Lippi. En 1461, Cosme de Médicis obtient du pape que le moine et la nonne soient relevés de leurs vœux et puissent se marier.

Cette vie mouvementée ne l'empêche pas de se consacrer à sa véritable vocation, la peinture. Il reçoit à Florence les leçons de Lorenzo Monaco mais s'imprègne surtout de l'exemple de Masaccio qui, à partir de 1426, travaille précisément au monastère des Carmes où il décore la chapelle Brancacci. Le réalisme robuste et simple des premières œuvres de Lippi (Confirmation de la règle des Carmes, fragment de fresque, 1432, église du Carmine ; Madone de l'Humilité avec des anges et des saints, 1434 env., château Sforza, Milan) témoigne de cette influence. Mais la Madone de Tarquinia (datée de 1437, Galerie nationale, Rome) révèle déjà une tendance vers un art plus enveloppé, plus délicat où Filippo trouvera sa propre voie, sous l'influence de Fra Angelico. L'attention aux vibrations lumineuses, aux rythmes linéaires, s'accentue dans la Pala Barbadori du Louvre (1437) et dans le Couronnement de la Vierge (1441, musée des Offices, Florence). L'Annonciation (1450 env., pinacothèque de Munich), le tondo de la Vierge à l'Enfant (palais Pitti, Florence, 1452) préludent, par l'élégance des silhouettes et la délicatesse de la polychromie, à la vision poétique de l'Adoration dans la forêt (env. 1458-1460, musée de Berlin) ainsi qu'à la Vierge à l'Enfant avec deux anges (musée des Offices), l'une de ses dernières œuvres et des plus célèbres, qui influencera nombre de peintres florentins de la génération suivante et, parmi eux, son propre élève, Botticelli. Ces différents aspects du talent de Lippi se retrouvent dans les scènes de la Vie de saint Jean-Baptiste et de la Vie de saint Étienne, que Lippi peint, durant les mêmes années, avec la collaboration de Fra Diamante, à la cathédrale de Prato (1456-1466) — espace irréel, luminosité diaphane dans le Saint Jean-Baptiste au désert, grâce des figures féminines dans le Banquet d'Hérode — en même temps que se font jour, à nouveau, le souvenir de Masaccio dans les personnages majestueux qui assistent aux Funérailles de saint Étienne, et une recherche de construction plus rigoureuse par l'intervention d'éléments d'architecture évoquant parfois Brunelleschi.

<it>Le Couronnement de la Vierge</it>, F. Lippi - crédits :  Bridgeman Images

Le Couronnement de la Vierge, F. Lippi

<it>Vierge à l'Enfant avec deux anges</it>, F. Lippi - crédits :  Bridgeman Images

Vierge à l'Enfant avec deux anges, F. Lippi

— Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Médias

<it>Le Couronnement de la Vierge</it>, F. Lippi - crédits :  Bridgeman Images

Le Couronnement de la Vierge, F. Lippi

<it>Vierge à l'Enfant avec deux anges</it>, F. Lippi - crédits :  Bridgeman Images

Vierge à l'Enfant avec deux anges, F. Lippi

Autres références

  • AUTOPORTRAIT, peinture

    • Écrit par
    • 3 573 mots
    • 6 médias
    ...jusqu'au milieu du xvie siècle surtout, un très grand succès attesté par Vasari lui-même à travers un grand nombre d'exemples : ainsi de Filippo Lippi dans le Couronnement de la Vierge des Offices, Florence (1441-1447), de Luca Signorelli dans L'Histoire de saint Benoît (1499-1504) à la chapelle...
  • BOTTICELLI SANDRO (1445-1510)

    • Écrit par
    • 4 438 mots
    • 8 médias
    ...rapports étroits (c'est encore Vasari qui l'écrit) : le jeune garçon découvre la peinture, se passionne, et décide son père à le laisser suivre sa vocation ; il devient l'élève d'un frère carme plus ou moins en rupture de ban, Fra Filippo Lippi. Mais son œuvre de peintre restera marquée par cette première formation...