LISBONNE
Décadence et macrocéphalisme
Le Blocus continental et la séparation de fait entre le Portugal et le Brésil, en 1808, modifièrent la conjoncture économique et révélèrent une crise de structure due au sous-équipement industriel. Les efforts du marquis de Pombal et de Marie Ire pour développer une industrie moderne dans l'hinterland de la capitale eurent, en effet, de piètres résultats. Lisbonne abandonna donc, au xixe siècle, à Porto, l'austère capitale du Nord, toute l'activité industrielle. Siège d'une cour bourgeoise et centre d'une vie politique souvent troublée par les guerres civiles, la capitale subit, sous la monarchie constitutionnelle, la décadence qui touche l'ensemble du pays. Sa population qui comptait 237 000 habitants à la fin du xviiie siècle sur une superficie de 940 ha serait même tombée à 190 000 en 1845, alors que Porto passait de 45 000 à plus de 100 000 habitants.
Sous la Régénération, à partir de 1852, la capitale reprit de l'importance et recommença à s'agrandir, s'éloignant de ses origines portuaires et devenant de plus en plus étrangère à la mer. Quand, en 1890, l'Avenida da Liberdade remplaça le Passeio público romantique, Lisbonne comptait 356 000 habitants, chiffre qui atteindra 434 000 en 1911 et 630 000 vingt ans plus tard, progression très rapide encore que non soutenue par un développement industriel.
Ce n'est qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que Lisbonne prend ses dimensions actuelles. L'exode rural, l'attrait de la capitale, l'implantation d'usines dans l'unique site qui, au Portugal, répond aux conditions modernes d'une industrialisation avide de main-d'œuvre, d'espace, d'eau, de consommateurs et de capitaux expliquent l'expansion de l'agglomération.
La côte méridionale de la mer de Paille (a Outra Banda) se peuple de villes industrielles (Cacilhas, Seixal, Barreiro...). La mer, si utile pour recevoir les matières premières, était cependant un obstacle à l'essor d'une agglomération à cheval sur ses rives. Témoin des ambitions nouvelles de Lisbonne, le pont suspendu le plus haut et le plus long d'Europe (2 277 m) s'élance, depuis 1967, au-dessus de l'axe vital de la capitale et du pays.
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Écrit par
- Albert-Alain BOURDON : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence
- Michel DRAIN : agrégé de géographie, docteur d'État, directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
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