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ASSYRO-BABYLONIENNE LITTÉRATURE

Vers 2300 avant notre ère, le roi sémite Sargon d'Akkad ravit aux Sumériens l'hégémonie sur l'ancienne Mésopotamie. Les scribes, pour la première fois, se mirent alors à écrire couramment en langue akkadienne. Ce fut le point de départ d'une abondante littérature qui, pendant dix-sept siècles, allait s'épanouir en Assyrie et en Babylonie, rayonner sur tout le monde civilisé du temps, et, après la chute de Ninive et de Babylone, se survivre longtemps encore.

Aperçu linguistique

Cet akkadien qui, sous Sargon, acquiert enfin droit de cité appartient à la famille des langues sémitiques. Il en constitue le rameau oriental, le plus anciennement attesté, et assez isolé des autres. Il doit certainement une part de sa singularité à sa longue et étroite coexistence avec la langue sumérienne. L'influence de celle-ci marqua son phonétisme, sa morphologie et sa syntaxe, cependant qu'elle enrichit son vocabulaire par l'emprunt qu'il lui fit de nombreux termes, notamment administratifs, techniques et religieux.

Si nous laissons de côté quelques rares et obscurs témoignages antérieurs, noyés dans le contexte sumérien, c'est donc à l'époque d'Akkad (2334-2154) que se révèle à nous l'état le plus ancien de la langue, le vieil akkadien.

Deux faits importants vont ensuite influencer son histoire. L'un est le bouillonnement intellectuel dû à un renouveau passager de l'hégémonie sumérienne, l'autre, à partir de 2000 environ, la lente invasion de nouveaux groupes sémitiques venus de l'Ouest, les Amorites, qui viennent élargir et vivifier l'ancienne souche sémitique. Lorsque la langue reparaît sous le calame des scribes, elle n'est plus ce qu'elle était auparavant. Elle a éclaté en deux grands dialectes, l' assyrien et le babylonien, qui, pendant des siècles, avec plus ou moins de fécondité littéraire et non sans de fréquentes interférences, vont évoluer désormais suivant leur propre finalité, l'assyrien plus conservateur et plus raide, le babylonien emporté par un mouvement plus libre et plus vif. Chacun a ainsi, linguistiquement, son histoire, dans laquelle on distingue d'ordinaire une période ancienne, une période moyenne et une période récente. La période moyenne, vers le milieu du deuxième millénaire, s'ouvre sur des temps troublés par des invasions qui entraînent un appauvrissement passager de la culture et précipitent l'évolution de la langue, du moins sous sa forme écrite. Au cours de la période récente, qui va du début du premier millénaire à la disparition de l'Assyrie en 612, se produit le phénomène de l'araméisation progressive de la Mésopotamie. Dans la vie courante, l'araméen tend partout à supplanter l'akkadien, qu'il altère, avant de le faire disparaître. L'usage écrit, toutefois, conserve la langue traditionnelle. Elle continuera à être employée, sous forme de babylonien tardif, tout au long des époques chaldéenne (625-539), perse (538-331), séleucide et arsacide. Mais elle n'est déjà plus qu'une langue morte, savante et liturgique.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur au Collège de France, directeur à l'École pratique des hautes études

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