ASSYRO-BABYLONIENNE LITTÉRATURE
Les grandes périodes littéraires
Dans cette longue histoire, toutes les époques n'ont pas été également fécondes.
Nous sommes encore mal renseignés sur la période la plus ancienne. Trop peu d'œuvres nous en sont parvenues. Cependant, la maturité dont témoignent d'emblée les premières créations de l'ancien babylonien laisse supposer, dès le vieil akkadien, une nécessaire et puissante germination. Au reste, sur tout le pourtour de la Mésopotamie subsisteront, longtemps après, des traces de cette haute culture qu'y diffusèrent les conquêtes de Sargon et de Narâm-Sin. C'est aussi, entre autres recherches archaïsantes, sur des particularités grammaticales et stylistiques de cette époque que chercheront à se modeler les effets littéraires du dialecte hymnico-épique, dont les lettrés cassites se serviront pour rédiger de grandes œuvres poétiques.
L'âge d'or de la littérature sémitique mésopotamienne est, sans conteste, le temps de la première dynastie babylonienne, dont le cœur est le règne du roi Hammourabi (xviiie s. av. notre ère). Tout y atteste une période de pleine activité créatrice, depuis les améliorations ingénieusement apportées à l'écriture jusqu'à la variété et à la perfection des œuvres de l'esprit.
Sur toutes les terres qu'il avait conquises, Hammourapi avait mis fin aux particularismes, il avait unifié le pays et favorisé son rayonnement culturel. On considère d'ordinaire son fameux Code de lois comme l'œuvre la plus représentative de son temps, mais son génie créateur s'est exprimé en bien d'autres domaines.
La tradition babylonienne connut une autre grande période de fécondité, au cours des derniers siècles du deuxième millénaire. Certes, le pays était appauvri, et aucun des rois cassites d'alors n'atteignit à la gloire de Hammourabi. Mais, il s'était, entre autres, formé, ici et là, de grandes familles de lettrés qui avaient pris délibérément en charge le trésor spirituel des siècles passés. Leur volonté de le sauvegarder et de le promouvoir leur avait fait souvent prendre comme patron un grand scribe d'autrefois, souvent mythique, qui restera l'égide de la lignée, parfois jusqu'à l'époque séleucide.
Ce furent avant tout des compilateurs, qui firent un immense travail de mise en ordre, de copie et de commentaires de textes. En tant que créateurs, ils furent toujours plus ou moins prisonniers du passé, qui marqua même le vocabulaire et le style de leurs écrits. Parfois, cependant, de grands mouvements politiques ou religieux faisaient passer un souffle de vérité dans cet humanisme trop souvent compassé.
En regard de la Babylonie, l'Assyrie, du point de vue littéraire, fait le plus souvent figure de parent pauvre.
Dès le temps de Hammourabi, la pensée babylonienne s'impose et ne cessa de s'imposer à l'intelligentsia du pays. Même aux époques où l'Assyrie se rejette dans un nationalisme agressif et veut s'affirmer en s'opposant, elle ne peut, ni ne souhaite vraiment, s'affranchir de cette emprise culturelle.
Déjà, au milieu du xive siècle, Assourouballit Ier avait attaché à son service personnel un scribe babylonien et, lorsque Toukoulti-Ninourta (xiiie s. av. notre ère) s'empara de Babylone, il emporta en Assyrie un grand nombre de tablettes enlevées aux bibliothèques de la ville. Certaines compositions littéraires assyriennes, et notamment les grandes inscriptions historiques des Sargonides, lors même qu'elles relèvent incontestablement de l'inspiration assyrienne, n'en sont pas moins rédigées en une langue littéraire « standard » issue de la tradition babylonienne.
Il serait injuste toutefois de ne pas porter au crédit des Assyriens les efforts que firent plusieurs de leurs rois pour créer dans leur palais de grandes bibliothèques encyclopédiques.[...]
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Écrit par
- René LABAT : membre de l'Institut, professeur au Collège de France, directeur à l'École pratique des hautes études
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