BENGALI LITTÉRATURE
La colonisation anglaise
La mort de Bhārat Chandra Rāy marque la fin de la vie culturelle proprement bengali. Le xixe siècle est en effet bouleversé par la colonisation anglaise, sur le plan économique, social et politique. Calcutta devient la capitale du Bengale et de l'Inde, le siège de la bourgeoisie commerçante ; le pouvoir passe des féodaux aux Anglais. L'introduction de l'imprimerie, des universités, des postes crée des conditions nouvelles. La littérature, qui était d'inspiration traditionnelle et rustique, s'embourgeoise elle aussi et s'urbanise ; la langue se transforme, et l'usage écrit de la prose devient courant, sous l'influence de l'enseignement et de la propagande anglaise ; la création du journalisme est déterminante : premiers écrits d'actualité en bengali ; dialogue entre auteur et lecteur.
Après une première période d'apprentissage et d'imitation, qui dure environ un demi-siècle, sous l'influence de diverses personnalités qui ont elles-mêmes subi une éducation occidentale, le Bengale prend conscience de son individualité, et critique sa propre occidentalisation.
Rāmmohan Rāy, le premier, utilise la prose dans des essais polémiques sur les réformes religieuses et sociales : il cherche à purifier la religion hindoue de ses corruptions et de son sentimentalisme et à la renouveler dans la tradition ancienne des Upanishads et du Vedānta. Il est aussi le premier à avoir pris conscience de la nécessité d'un enseignement scientifique, et il écrit une grammaire en bengali ; il est considéré comme le libérateur de la culture bengali et le promoteur d'un rapprochement avec l'Occident.
À une époque où le Bengale se trouve en danger de perdre son caractère propre, Īshvar Goupta, lui-même poète et auteur des premières biographies littéraires en bengali, fonde SangbādPrabhākar, premier journal important imprimé en bengali, et où de nombreux auteurs firent leurs débuts. Parmi eux, on note Akkhay Kumār Datta, à son tour fondateur d'un journal, intellectuel, éducateur et réformateur, pionnier de l'esprit scientifique, et Īshvar Chandra Sharmā, connu sous le nom de Vidyāsagar (« océan de savoir »), qui donne à la prose bengali une richesse et un rythme qu'elle n'avait pas encore. En effet, la langue populaire parlée, sous l'influence du roman, tend désormais à détrôner la langue littéraire, chargée d'archaïsmes : le premier auteur de romans en cette langue est Tekchānd Thākour, alors fortement critiqué par les puristes, mais qui contribue à donner au bengali son statut actuel de langue scientifique, technique et littéraire.
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Écrit par
- France BHATTACHARYA : professeur émérite de l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Jharna BOSE : maître ès arts, université de Jadavpur, Calcutta
Classification
Média
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