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LITTÉRATURE FRANÇAISE DU XXe SIÈCLE

Extension de la scène littéraire

Paris continue d’être le centre de la vie littéraire et culturelle, attirant les écrivains du monde entier : Joyce, comme les jeunes romanciers américains dans les années 1920 ou, plus tard, Julio Cortázar (1914-1984) en exil. La ville attire aussi les auteurs belges (Simenon, Michaux), suisses (Jaccottet) qui sont facilement intégrés aux lettres françaises. Le prestige de la capitale reste intact pendant une partie du siècle, parce que c’est là que se concentrent les grandes maisons d’édition, avec leurs revues comme la NRF de Gallimard. Revues qui sont d’indispensables vitrines des nouveaux courants, comme le montre le succès des Temps modernes fondé en 1945 par Sartre, sans doute la dernière grande figure de l’intellectuel engagé qu’il a lui-même théorisé. De ce rayonnement atteste durant cette période le nombre élevé de prix Nobel de littérature décernés à la France : Martin du Gard (1937), Gide (1947), Mauriac (1952), Camus (1957), Saint-John Perse (1960), et même Sartre (1964) qui le refuse avec fracas. Les prix littéraires, particulièrement le prix Goncourt, deviennent de leur côté une des voies d’accès à la notoriété et rythment le calendrier littéraire national.

André Malraux - crédits : Archiv Gerstenberg/ Ullstein Bild/ Getty Images

André Malraux

La scène littéraire reste longtemps relativement stable, même si les représentations de l’écrivain évoluent. D’abord dans l’image même de l’écrivain, de plus en plus photographié : Blaise Cendrars (1887-1961) en baroudeur, Colette (1873-1954) avec ses chats, Antoine Saint-Exupéry (1900-1944) en aviateur, Malraux ou Sartre avec leur cigarette. L’écrivain sort dans le siècle, il se fait journaliste ou, selon un mot d’époque, grand reporter : de Paul Morand (1888-1976) et Cendrars à Mauriac avec son « Bloc-notes »et Antoine Blondin (1922-1991), chroniqueur du Tour de France. Il travaille avec les nouveaux médias qui révolutionnent le siècle et sa pratique : radio (où la voix des auteurs devient familière, où se créent des œuvres véritablement pensées pour ce médium), cinéma, puis télévision où s’exposent dans « Lectures pour tous », puis dans « Apostrophes »d’autres modes d’incarnation de la littérature. Jean Cocteau, artiste protéiforme (poète, dramaturge, romancier) représente bien ces nouvelles alliances esthétiques, du dessin aux films qu’il écrit et dirige, du Sang d’un poète (1930) à La Belle et la Bêteet Orphée (1950). Sacha Guitry (1885-1957) ou Marcel Pagnol (1895-1974) resteront sans doute comme réalisateurs plus que comme dramaturges ou romanciers. L’attraction d’un cinéma expérimental s’exerce sur la génération du nouveau roman : Robbe-Grillet écrira le scénario de L’Année dernière à Marienbad (1961) et Marguerite Duras celui de Hiroshima mon amour (1959) pour Alain Resnais.

On peut aussi décrire le xxe siècle comme celui des émancipations et des conquêtes de nouveaux droits à parler, et donc à s’exprimer, à écrire. Indéniablement la place des femmes dans le champ littéraire change, d’abord avec Colette, autrice à scandale devenue la vieille dame des lettres françaises dans son appartement du Palais-Royal, mais plus radicalement avec Simone de Beauvoir (1908-1986) dont le couple avec Sartre fascine l’époque et enchante Saint-Germain-des-Prés. La publication en 1949 de son essai Le Deuxième Sexe marque une véritable révolution en affirmant, contre l’idéologie naturaliste et misogyne, qu’on ne naît pas femme mais qu’on le devient. Fidèle à l’existentialisme, l’œuvre autobiographique de Beauvoir montre l’exemplarité d’un parcours d’affranchissement et d’autonomie. C’est elle qui soutient Violette Leduc (1907-1972), et qui ouvre la voie aux écritures plus affirmativement féministes des années 1960 et 1970, notamment celle de Monique Wittig (1935-2003), qui rompt plus violemment avec les modèles hérités dans [...]

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Marcel Proust, J.-É. Blanche - crédits : Charles Ciccione/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Marcel Proust, J.-É. Blanche

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