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FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIe s.

La Pléiade

La Pléiade, d’abord nommée la Brigade, marque une rupture. En 1549 est donc publiée la Défense et illustration de la langue française de Joachim du Bellay, qui souhaite que la France « enfante bientôt un Poète, dont le Luth bien résonnant fasse taire ces enrouées Cornemuses ». Le manifeste de du Bellay instaure la prépondérance des genres non lyriques. En effet, sur dix genres proposés à l’émulation des nouveaux poètes, de l’épigramme à la tragédie, deux seulement sont lyriques, le sonnet et l’ode. Les poètes de la Pléiade recourent aux musiciens pour accompagner leurs compositions, et l’un d’eux, Jean-Antoine de Baïf, fonde en 1570 une académie de poésie et de musique. Mais aucun ne parvient à retrouver cette alliance perdue avec la chanson, laquelle, avec Marot, hantait d’un même élan la cour et les rues.

D’abord paru en 1549, puis augmenté, L’Olive estle premier recueil publié par du Bellay. Il comprend cent quinze sonnets décasyllabiques et impose la voix grave de ce poète, parfait connaisseur de la poésie latine et italienne de la Renaissance. Le Premier Livre desAntiquités de Rome est publié en 1558, la même année que les autres recueils « romains », Les Regrets et les Poemata, poésies latines qui forment un volume à part. La solution de continuité que découvre la Renaissance par rapport à l’Antiquité a pour théâtre privilégié la méditation sur les ruines de Rome, devant ce désastre vertigineux de colonnes décapitées et de combles enfouis. Le rythme solennel et les figures de répétition confèrent à la méditation une solennité que désamorce un soupçon d’ironie. Le Premier Livre des Antiquités est complété par Le Songe, suite de quinze sonnets imités de la Canzone delle visioni de Pétrarque. Au lieu de six visions chez Pétrarque, ce sont quatorze tableaux, précédés d’un sonnet introductif, qui répètent le spectacle d’une gloire s’élevant vers le Ciel et bientôt abattue : tour à tour le temple, l’obélisque, l’arc de triomphe, le chêne, la louve romaine allaitant deux jumeaux, l’aigle sont réduits en poussière. Du Bellay se réjouit amèrement de la ruine de Rome, et du transfert de l’étude de l’Italie vers la France. Paris est appelé à devenir la nouvelle Rome ou la nouvelle Athènes, et la France un nouvel empire d’Auguste.

Le principal recueil poétique de du Bellay, Les Regrets, comportant cent quatre-vingt-onze sonnets, publié comme les précédents en 1558, est une œuvre à maints égards satirique, où se mêlent aussi la mélancolie et la nostalgie du village natal (sonnet XXXI – « Heureux qui comme Ulysse… »). Le titre est l’équivalent français des Tristiaou « Tristes » d’Ovide, le poète dénonçant les mœurs du clergé romain et de la cour pontificale, tout en célébrant les illustres Français exilés à Rome ou de retour au pays.

Sacré par ses confrères de la Brigade premier poète lyrique français, Pierre de Ronsard a sans cesse retouché ses Œuvres. Au seuil du Premier Livre des amours qui ouvre les Œuvres, il s’est fait représenter tourné vers Cassandre à la tresse nouée, aux seins découverts. La seconde édition des Amours, en 1553, s’accompagne d’un commentaire de l’helléniste Marc-Antoine Muret. Lui-même membre de la Pléiade, Rémy Belleau, le poète de la Bergerie, commente le Second Livre des Amours. Dans les Hymnes (1555-1556), Ronsard combine les traditions antique et chrétienne. Chacun de ses Hymnes est dédié à un grand personnage ou à un poète – Mellin de Saint-Gelais, Jean Dorat. On distingue les hymnes encomiastiques – qui font l’éloge d’un grand, par exemple le roi Henri II, le connétable Anne de Montmorency et ses neveux, les trois frères Châtillon –, les hymnes philosophiques, scientifiques ou cosmologiques, les hymnes mythologiques et les hymnes épiniciens, qui sont de petites épopées – «[...]

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