FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIe s.
La littérature épistolaire et les mémoires
Pourfendu par Pascal, interrogé par Molière, idéalisé par Saint-Évremond, encensé par les précieux et les précieuses, cet idéal fait son chemin dans un genre littéraire abondamment pratiqué en un temps où les déplacements sont difficiles et la poste nouvellement organisée : l’épistolaire. Retiré en Charente, Guez de Balzac fondera dans ses Lettres destinées au public autant et plus qu’à ses correspondants les piliers de la réflexion critique moderne sur les normes et le goût du beau style : prélude aux réflexions sur les règles de la langue et du « bel usage » (Ménage, Vaugelas), aux entretiens sur le goût, la conversation, le bel esprit (Mlle de Scudéry, Bouhours), et à l’application qu’en font tant d’épistoliers et d’épistolières du xviie siècle, dont Voiture fut le plus spirituel, la princesse palatine la plus prolixe, et Mme de Sévigné l’emblème de la grâce, de l’enjouement et de la sensibilité.
Que cette dernière ait été à l’initiative des Mémoires du cardinal de Retz retiré des affaires et revivant par la médiation du récit à la première personne ses déboires politiques du temps de la Fronde, cela laisse imaginer quels liens existent entre ces genres périphériques que sont la correspondance, les mémoires, les maximes, les traités. Tous convergent vers une forme d’exercice de soi, une anatomie du cœur et des passions où l’auteur commence par se prendre pour objet dans un dialogue de soi avec soi. Le grand nombre des écrits mémoriels composés au xviie siècle par des gens d’épée (Bassompierre, La Rochefoucauld), des hommes politiques (Retz, Torcy), des femmes de pouvoir (Mlle de Montpensier, les sœurs Mancini) ou des courtisans (Bussy-Rabutin, Cosnac), ne fait pas oublier le plus brillant de tous les mémorialistes du Grand Siècle, le duc de Saint-Simon, même s’il écrivit au siècle suivant (entre 1739 et 1749) son œuvre à tout point de vue immense.
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Écrit par
- Patrick DANDREY : professeur émérite à la faculté des lettres de Sorbonne université
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