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MORISQUE LITTÉRATURE

Les fastes des Arabes résidant en Espagne attirèrent dès le Moyen Âge l'attention et l'admiration des chrétiens de la Péninsule, qui imitèrent les usages et les costumes des Maures. Déjà le premier grand prosateur castillan, don Juan Manuel, montre, au xive siècle, sa connaissance du style de vie de ses voisins et son admiration certaine pour leur élégance et leur luxe ; son contemporain Juan Ruiz, archiprêtre de Hita, utilise lui aussi des mots arabes dans son Libro de buen amor. Pendant la dernière période du royaume de Grenade, la poésie populaire produisit les romances fronterizos, petites chansons de caractère informatif qui commentaient les événements de la frontière (d'où leur nom) et qui ne cachaient guère leur sympathie pour l'ennemi. Une fois pris le dernier rempart des Maures en Espagne, cette « maurophilie » gagna successivement deux genres différents. D'abord le roman L'Abencérage (Historia del Abencerraje y de la hermosa Jarifa), puis l'Inventario de Villegas, La Diana de Montemayor, l'Historia de las guerras de Granada, de Ginés Pérez de Hita, véritable anthologie de romances fronterizos ; ensuite la poésie lyrique, en provoquant la vogue des romances moriscos, qui furent l'une des coqueluches des poètes du romancero nuevo vers la fin du xvie siècle. Cette faveur du thème mauresque et plus spécialement grenadin gagna l'Europe entière et laissa ses traces dans la littérature française, de mademoiselle de Scudéry à Chateaubriand.

— Daniel DEVOTO

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, universités de Buenos Aires et de Paris-Sorbonne, directeur de recherche au C.N.R.S.

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