MORISQUE LITTÉRATURE
Les fastes des Arabes résidant en Espagne attirèrent dès le Moyen Âge l'attention et l'admiration des chrétiens de la Péninsule, qui imitèrent les usages et les costumes des Maures. Déjà le premier grand prosateur castillan, don Juan Manuel, montre, au xive siècle, sa connaissance du style de vie de ses voisins et son admiration certaine pour leur élégance et leur luxe ; son contemporain Juan Ruiz, archiprêtre de Hita, utilise lui aussi des mots arabes dans son Libro de buen amor. Pendant la dernière période du royaume de Grenade, la poésie populaire produisit les romances fronterizos, petites chansons de caractère informatif qui commentaient les événements de la frontière (d'où leur nom) et qui ne cachaient guère leur sympathie pour l'ennemi. Une fois pris le dernier rempart des Maures en Espagne, cette « maurophilie » gagna successivement deux genres différents. D'abord le roman L'Abencérage (Historia del Abencerraje y de la hermosa Jarifa), puis l'Inventario de Villegas, La Diana de Montemayor, l'Historia de las guerras de Granada, de Ginés Pérez de Hita, véritable anthologie de romances fronterizos ; ensuite la poésie lyrique, en provoquant la vogue des romances moriscos, qui furent l'une des coqueluches des poètes du romancero nuevo vers la fin du xvie siècle. Cette faveur du thème mauresque et plus spécialement grenadin gagna l'Europe entière et laissa ses traces dans la littérature française, de mademoiselle de Scudéry à Chateaubriand.
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Écrit par
- Daniel DEVOTO : docteur ès lettres, universités de Buenos Aires et de Paris-Sorbonne, directeur de recherche au C.N.R.S.
Classification
Autres références
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ABENCÉRAGE L'
- Écrit par Charles Vincent AUBRUN
- 786 mots
C'est une courte nouvelle d'aventures galantes et chevaleresques. La meilleure version qui nous en soit parvenue parut sous le titre de El Abencerraje dans un ouvrage de miscellanées littéraires, El Inventario (Medina del Campo, 1565, sous le nom d'Antonio de Villegas). Ce roman pastoral,...
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ROMANCERO
- Écrit par Daniel DEVOTO
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...le seul nom digne d'être rappelé est celui de Juan de Timoneda († 1583), qui utilise avec astuce les romances viejos et les remanie non sans bonheur. La première poussée véritablement poétique du romancero nuevo est constituée par les romances mauresques, inspirés par Las Guerras civiles de Granada...