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APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES

Les écrits apocryphes

Les apocryphes de l'Ancien Testament

Le mot grec apokrypha, dérivé du verbe kryptein, « cacher », signifiait à l'origine « choses cachées » ; il s'appliquait plus précisément aux livres « cachés » ou « secrets » de par leur contenu. Pour les juifs, l'adjectif « caché » imputé aux livres saints n'était pas péjoratif. Ils disaient « cachés », en hébreu guenûzim – de la racine ganaz, qui a donné guénizah, « cachette » adjacente à une synagogue –, les livres ou fragments de livres bibliques qui, en raison de leur état de détérioration, devaient être retirés de l'usage et conservés à l'écart pour la raison qu'ils portaient le nom divin (on les appelait des shemot, « noms »). Ils appliquaient également ce terme aux écrits dont la qualité et dès lors le statut d'Écritures saintes se trouvaient encore discutés (Talmud, Shabbat, 13 b et 30 b).

Dans l'Église des premiers siècles, apokrypha apparut pour la première fois, dans son sens spécifique, au temps d' Irénée de Lyon (seconde moitié du iie siècle), à propos du conflit qui opposait l'Église aux hérétiques, les gnostiques principalement. Les découvertes de Nag Hammadi ont bien montré que les auteurs gnostiques présentaient volontiers leur enseignement comme une « doctrine secrète » ; l'un des documents porte même le titre précis d'« Apocryphe de Jean ». On sait combien la littérature gnostique fut combattue comme « fausse » par les Pères ou auteurs ecclésiastiques des iie et iiie siècles ; le mot « apocryphe » devint alors synonyme d'« hérétique ». C'est ainsi que le même Irénée rapproche apokryphos de nothos, « bâtard » ou « corrompu » (Contre les hérésies, I, xiii, 1), Tertullien, de son côté, utilisant apocrypha, en latin cette fois, comme équivalent de falsa(La Pudicité, x, 12).

Plus tard, l'Église classa parmi les livres « secrets », à l'instar des « apocryphes » gnostiques, les écrits d'origine juive que les maîtres de la Synagogue ou rabbins avaient exclus du corpus de leurs Écritures sacrées. Un nouvel usage du mot « apocryphe » apparut donc. Ces livres dits ainsi « apocryphes » connurent un temps chez les chrétiens une grande faveur, au point que, pour d'aucuns, ils furent homologués parfois comme des faits réellement canoniques. Il s'agissait surtout d'œuvres d'apocalypse (ainsi : le Premier Livre d'Hénoch et le Livre des Jubilés dans l'Église éthiopienne) dont la forme et le contenu étaient nettement perçus comme ésotériques. C'est dans ce sens qu'Origène (seconde partie du iiie siècle) parle de ces écrits comme d'« apocryphes ». Vers l'an 400, comme en témoigne saint Augustin, le sens dépréciatif du mot apokryphos, appliqué aussi désormais à ces textes légués par les juifs, prévalait fortement.

Cette littérature dite apocryphe car non canonique est immense. Elle comprend bien sûr les apocalypses au sens strict, mais encore : les Testaments, qui sont nombreux ; les œuvres originales de Quoumrân, importantes, elles aussi, et d'autres plus difficilement classables. Dans un souci d'aligner davantage la terminologie sur les raisons d'objectivité qu'exige la recherche, ample et vigoureuse, on la désigne de plus en plus aujourd'hui à l'aide de ces deux appellations : «  pseudépigraphes de l'Ancien Testament » (c'est le titre, The Old Testament Pseudepigrapha, des deux volumes de l'édition en langue anglaise dudit corpus, par l'Américain J. H. Charlesworth) ou « littérature intertestamentaire » (formule naturellement protestante adoptée par l'édition de La Pléiade : La Bible. Écrits intertestamentaires). Les éditions récentes de pays à tradition[...]

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