NÉERLANDAISE ET FLAMANDE LITTÉRATURES
L'esprit nouveau (1560-1775)
En raison des circonstances politiques liées à la guerre de Quatre-Vingts Ans, l'esprit nouveau s'impose principalement dans le Nord. Une pensée et des formes d'expression inspirées par l'imitation des Anciens se découvrent maintenant chez des auteurs comme Dirk Volkertszoon Coornhert et, plus tard aussi, dans les écrits des latinistes et traducteurs Gerardus Vossius, Daniël Heinsius et Hugo de Groot. Impossible, dans ce contexte, de passer sous silence les travaux du charismatique théologien et humaniste Érasme (Desiderius Erasmus Rotterdamus, 1468-1538), dont le célèbre traité Stultitiae laus (Éloge de la folie, 1511) a rayonné sur toute l'Europe occidentale.
Renaissance et classicisme
Le xviie siècle est un âge d'or à maints points de vue. Comme ailleurs en Europe, il sera question d'une prolifération littéraire exceptionnelle, avec le théâtre classique comme genre dominant. Chez Pieter Corneliszoon-Hooft (1581-1647), on trouvera des comédies, telles que Warenar (1617), qui s'inspire – comme L'Avare de Molière – de L'aulularia de Plaute. Dans la même catégorie n'oublions pas le poète et dramaturge Gerbrand Adriaenszoon Bredero (1585-1618), qui évoque des scènes de la vie de l'époque dans sa comédie De Spaanse Brabander (« Le Brabançon espagnol », 1617). Par la suite, ce sera Joost Van den Vondel (1587-1679) qui composera d'imposantes tragédies de facture antique. Ainsi du Gysbreght Van Aemstel (1637), sa pièce la plus célèbre, où Amsterdam est assiégé, et du drame biblique Lucifer (1654).
La prose narrative est encore rare pendant le classicisme. Certes, en 1637, la Statenbijbel (Bible des états généraux) est terminée, et Hooft a bien publié ses Nederlandsche Historiën (1642 ; Les Histoires néerlandaises), mais, après le théâtre, c'est la poésie qui reste le mode d'expression le plus important. Citons, parmi les principaux poètes, Hooft qui écrit une poésie à la fois vitaliste et gracieuse. Ses nombreux sonnets rejoignent les idéaux renaissancistes prônés par Pétrarque et Ronsard, alors que les poèmes de Vondel traitent de la vie quotidienne, parfois de politique. À la génération de Hooft et de Vondel viendra se joindre Constantijn Huygens (1596-1687), traducteur, poète et critique littéraire. Des poèmes libertins toujours lisibles jaillissent sous la plume de Willem Godschalck Van Focquenbroch (1630-1674).
La morale protestante est chantée par Jacob Cats (1577-1660), auteur de chants allégoriques, aphorismes et proverbes toujours présents dans le néerlandais courant, et par Jacob Revius (1586-1658). Ce dernier est surtout connu pour des poèmes inspirés par la Bible, dont un certain nombre sont aujourd'hui encore chantés à l'église.
La deuxième moitié du siècle, enfin, verra naître une nouvelle génération de poètes qui montrent un lyrisme davantage sentimentaliste. Tel est le cas de Jan Luiken (1649-1710), qui redonne vie à l'allégorie, et aussi de Hubert Corneliszoon Poot (1689-1733), âme sensible, qui annonce déjà le romantisme.
Lumières tamisées
Curieusement, ce n'est pas la doctrine libre du cartésien Spinoza mais la pensée calviniste de Jacob Cats qui imprègne le xviiie siècle. Un revirement majeur s'opère pourtant : la prose narrative commence à dominer la production littéraire. Ainsi, le prosateur Justus Van Effen (1684-1735) devient un des auteurs les plus importants de son temps. Son récit Kobus en Agnietje : historie van een burgervrijage (Kobus et Agnietje, histoire d'une liaison bourgeoise, 1733) reflète parfaitement les sages mécanismes de la société d'alors.
Il en va de même du roman épistolaire Sara Burgerhart (1782). Ce livre, composé par deux auteurs féminins, Betje Wolff (1738-1804) et Aagje Deken (1741-1804), est un des principaux monuments de l'époque.[...]
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Écrit par
- Paul GELLINGS : docteur ès lettres, écrivain, traducteur, professeur de littérature française
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