NÉERLANDAISE ET FLAMANDE LITTÉRATURES
Modernisme et postmodernisme
Tout comme l'Europe entière, les Pays-Bas et la Flandre ont été ravagés et traumatisés par la Seconde Guerre mondiale. Les Pays-Bas ont, ainsi, vu disparaître la quasi-totalité de leur communauté juive et la Belgique garde en mémoire le soutien que le militantisme flamand apporta à l'occupant. Il va donc sans dire que cette période s'est, telle une guerre de Troie des Temps modernes, durablement gravée dans la mémoire collective néerlandaise et flamande et, par extension, dans la littérature d'après guerre jusqu'à nos jours. Ainsi, non seulement les œuvres romanesques de Claus, Hermans, Mulisch et bien d'autres en portent témoignage, mais aussi celles d'un certain nombre d'auteurs de la deuxième, voire de la troisième génération.
Pendant l'Occupation même, presque toute activité littéraire consécutive à la disparition du magazine Criterium en 1942, et non conforme aux souhaits de l'occupant, fut paralysée ou confinée dans des imprimeries clandestines. Mais dès la Libération, la littérature néerlandaise reprend ses habitudes, choisissant d'abord des voies déjà balisées, pour s'acheminer ensuite vers une prolongation du modernisme qui deviendra rapidement postmodernisme.
Le théâtre d'après guerre
Pendant l'après-guerre, le théâtre reste le parent pauvre des lettres du Nord. En fait, ce sont les œuvres dramatiques du flamand Hugo Claus (1929-2008) qui assurent pendant longtemps la survie du théâtre néerlandophone. Nous comptons chez lui près de 40 pièces originales, une bonne trentaine de traductions et d'adaptations. Dans un premier temps, Claus s'en prend à la société flamande ; ultérieurement, il emprunte des références à la mythologie classique. Citons aussi la poétesse Judith Herzberg (1934), auteur de plusieurs drames psychologiques, et la scénariste Maria Goos (1956), dont Cloaca (2002), tragédie grinçante sur les retrouvailles d'un groupe de camarades de faculté, a conquis la scène internationale. Sa pièce la plus récente, intitulée De familie Avenier (2007 ; La Famille Avenier) reprend un peu le naturalisme de Heijermans, traitant des faits et gestes d'une modeste famille brabançonne.
Cheminements du lyrisme
L'après-guerre s'amorce calmement avec une poésie moderne mais, d'un point de vue strictement formel, encore bien dans les normes. Rien ne semble pour l'instant ébranler la position de Achterberg, Nijhoff, Bloem, Hoornik ou de Vasalis. Toutefois, avec plusieurs décennies de retard, le surréalisme s'empare de la scène poétique néerlandaise. En effet, une « école » dite les Vijftigers (poètes des années 1950) est née. Le message des initiateurs est clair : jeter un anathème sur la poésie classique (à l'exception de celle d'Achterberg) et pratiquer une écriture automatique et visionnaire. De fait, le nom du mouvement émane dès 1949 du poème-manifeste Verdediging van de 50-ers (Défense des Vijftigers) composé par Lucebert (pseudonyme de L. Swaanswijk, 1924-1994), sans doute le poète le plus marquant de sa génération.
Parmi les autres Vijftigers dignes d'intérêt, il faut mentionner Gerrit Kouwenaar Remco Campert, Hans Andreus, Hugo Claus et Jan Elburg. Outre Claus, la Flandre aura, autour du magazine Gard Sivik (Garde civique), ses propres « expérimentaux », dont Paul Snoek, Gust Gils et Hugues Pernath sont les principaux représentants.
Au contraire des Vijftigers, les poètes des années 1960 optent pour une poétique davantage accessible, relevant du quotidien. Gard Sivik existera jusqu'en 1964, mais, animée par les néoréalistes néerlandais C. B Vaandrager, Hans Sleutelaar et Armando, la revue sonnera alors le glas des grandes expériences. Il en va de même pour la revue Barbarber, fondée par K. Schippers et J. Bernlef. L'influence de la musique pop[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Paul GELLINGS : docteur ès lettres, écrivain, traducteur, professeur de littérature française
Classification
Médias
Autres références
-
BEATRIJS, œuvre anonyme
- Écrit par Norbert DE PAEPE
- 318 mots
Adaptation néerlandaise d'un conte de la Vierge, la légende fort répandue au Moyen Âge de la sacristine — ou selon d'autres de la tourière. Des multiples versions qui s'en inspirèrent — latine, française, germanique, nordique ou arabe —, celle qui provient du centre des Pays-Bas apparaît la plus...
-
CLAUS HUGO (1929-2008)
- Écrit par Paul GELLINGS
- 1 618 mots
- 1 média
Auteur prolifique et à multiples facettes, dont l'envergure internationale fut définitivement scellée par son opus magnum Het verdriet van België (Le Chagrin des Belges, 1983), Hugo Claus appartient aux grandes figures de la littérature néerlandophone. Citée à plusieurs reprises pour le prix...
-
CONSCIENCE HENRI (1812-1883)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 289 mots
Écrivain flamand. Épris de son pays, Conscience résolut d'écrire en une langue que la bourgeoisie francophone de l'époque considérait comme un patois destiné au vulgaire. Le romantisme nationaliste lui inspira Le Lion de Flandre (De Leeuw van Vlaanderen, 1838), récit épique de la...
-
GEZELLE GUIDO (1830-1899)
- Écrit par J.-P. COUTTENIR
- 363 mots
Personnalité riche et complexe, Gezelle, écrivain belge d'expression néerlandaise, exerça une profonde influence sur l'évolution culturelle des Flandres. Originaire d'un milieu populaire brugeois, il s'orienta vers le sacerdoce, mais ne put devenir missionnaire comme il le souhaitait. Professeur à...
- Afficher les 17 références