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LITURGIE CATHOLIQUE DE L'EUCHARISTIE

Rites et hiérarchie

Dans les premiers siècles, ces assemblées s'organisent. Des responsables apparaissent, prenant la suite des premiers « apôtres » de Jésus : des épiscopes (du grec episkopos, « surveillant » ; origine du mot évêque), des presbytres (du grec presbyteros, « anciens » ; origine du mot prêtre), des diacres (du grec diakonos, « serviteurs »). Des titres qui, à l'époque, ne sont pas religieux mais propres au gouvernement de la cité. Les premiers chrétiens d'ailleurs n'ont ni temples ni synagogues : ils se rassemblent pour célébrer dans leurs maisons. Lorsque, avec la paix de Constantin, les communautés vont pouvoir se développer au grand jour, des « maisons d'église » sont construites, reprenant souvent le plan des synagogues. Les grandes basiliques romaines sont aussi empruntées pour le culte. Un culte qui, à l'époque, est encore l'affaire de tout le peuple, avec une grande diversité d'acteurs et de « ministères ».

De très anciens rituels sont parvenus jusqu'à nous, à travers la Didachè, ou Enseignement des apôtres (fin du ier siècle), le témoignage de Justin (vers 150), ou dans les Constitutions apostoliques (iiie siècle). Ils attestent déjà une structure assez stable de la célébration qu'on retrouvera au long des siècles à travers une grande diversification des traditions locales : liturgies romaines (longtemps célébrées en grec) ou milanaises, africaines, mozarabes en Espagne, gallicanes en Gaule (surtout à partir de Charlemagne), celtique en Irlande ou en Écosse.

Une première unification romaine fut effectuée au xie siècle par le pape Grégoire VII. Cette « réforme grégorienne » prenait acte d'une longue évolution qui avait peu à peu fait émerger un « clergé », véritable acteur de la célébration reprenant tous les rôles autrefois confiés à divers membres de la communauté, distingué des « fidèles » devenus de plus en plus spectateurs des célébrations, d'autant plus que, depuis le vie siècle, le peuple ne parle plus latin. L'architecture des églises évolue dans le même sens, se rapprochant des temples anciens, avec une nette distinction entre le chœur, domaine du clergé, et la nef. Parfois même, avec les jubés, cette séparation devenait une vraie barrière, voire un mur. Au xiiie siècle, le « missel » se généralise, figeant par écrit le texte de la célébration et le détail des gestes à accomplir (les rubriques, écrites en rouge), afin d'éviter toute improvisation. Les fidèles sont d'autant plus tenus à distance que, sans doute en raison d'un fort sentiment d'indignité, ils s'abstiennent de plus en plus de communier. Il a fallu un concile, Latran IV en 1215, pour imposer la communion (du seul pain, non du vin, réservé aux clercs) au moins une fois par an, au temps de Pâques. Dans la théologie de cette époque, l'insistance porte moins sur l'action de grâce du Christ et la communauté rassemblée que sur le pain eucharistique et la « consécration » par laquelle il devient le corps du Christ présenté à l'adoration des fidèles, qui se contentent, en quelque sorte, de le dévorer des yeux.

Au xvie siècle, le concile de Trente (1545-1563) canonise cet aspect de l'eucharistie. Face aux attaques des divers courants protestants, dont les plus radicaux (Zwingli) ramènent l'eucharistie à une réalité purement figurative, il insiste sur la « présence réelle » du Christ dans les « saintes espèces » (le pain et le vin). On parle de « transubstantiation ». Le projet est pourtant lancé de réformer la messe en revenant « aux anciennes normes des Pères ». Mais, faute de temps et de moyens (les recherches sur le christianisme antique n'en sont pas encore là), ce projet est remis à plus tard : en fait, il sera mené à bien par le deuxième[...]

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