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LIU SHAOQI[LIEOU CHAO-K'I](1898-1969)

Fils de petit propriétaire foncier, futur militant professionnel à l'itinéraire révolutionnaire classique, Liu Shaoqi naît à Yinshan (Hunan) ; en 1916, il entre à l'école normale de Changsha et a pour condisciples Mao Zedong, Li Lisan et Ren Bishi. Son radicalisme le porte vers la Ligue de la jeunesse socialiste que vient de constituer à Shanghai l'envoyé du Komintern Voïtinski, et, en 1921, il part étudier à Moscou où il s'inscrit à la section moscovite du Parti communiste chinois (P.C.C.). De retour en Chine en 1922, Liu Shaoqi organise les syndicats de mineurs avec Li Lisan et Zhang Guotao. À l'heure de la collaboration du P.C.C. avec le Guomindang, il entre à l'école du GMD dont il sort l'un des premiers diplômés. Son activité syndicale est grande : il est de tous les meetings, de toutes les grèves, et quand, en 1926, Tchiang Kai-chek rompt avec les communistes qu'il met hors la loi, Liu Shaoqi est secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats.

Après une période de clandestinité, il rejoint en 1932 les bases rurales de Mao Zedong, dont il devient un intime, et y organise la logistique. Élu au comité central du P.C.C. en 1934, il assure un travail de propagandiste qui vise à rallier les intellectuels nationalistes antinippons ; il est amené ainsi à rester en « zone blanche » et ne participe que partiellement à la Longue Marche. Il est l'un de ceux qui font connaître en Occident la lutte des communistes chinois (Edgar P. Snow lui est très largement redevable d'avoir réalisé son premier reportage en 1937, et Nym Wales, la femme de Snow, obtient de lui une interview).

En 1939, Liu Shaoqi écrit son rapport Comment être un bon communiste, texte dans lequel il explique que nombre de membres du Parti communiste chinois, parce que d'origine non prolétarienne, gardent des traces d'idéologie bourgeoise et véhiculent celle-ci au sein du parti ; aussi doivent-ils faire l'objet d'une éducation politique. Il insiste sur le fait qu'être un bon communiste implique la nécessité de réunir un état d'esprit, sans rapport obligatoire avec un background socio-économique, et la volonté d'une démarche autodidactique, définition qui permet de rallier une partie de la bourgeoisie au sein du parti, par-delà la lutte des classes.

Organisateur infatigable des guérillas durant la guerre contre le Japon, commissaire politique de Chen Yi, Shaoqi défend l'orthodoxie marxiste-léniniste en écrivant des opuscules théoriques : Sur les luttes internes du parti (1941), Liquider l'idéologie menchevik à l'intérieur du parti (1943) et en participant au Zhengfeng yundong (Mouvement pour la correction des tendances).

Vers la fin de la guerre, il s'impose sur le plan idéologique et présente le modèle de la révolution chinoise aux peuples colonisés. Ne négligeant pas les questions de politique internationale, les dirigeants communistes chinois prennent position dans le différend entre Moscou et Belgrade, et, en novembre 1948, Liu Shaoqi, dans un article intitulé L'Internationalisme et le nationalisme, dénonce au nom de la discipline politique la « défection » yougoslave du bloc socialiste et accuse Tito de « nationalisme bourgeois ». Étoile montante du parti, Liu devient, avec Zhu De, vice-président de la République populaire en 1949, puis président du comité permanent de l'Assemblée nationale en 1954 ; quand Mao Zedong abandonne ses fonctions gouvernementales (1958), il est élu président de la République et présenté comme « le plus proche compagnon d'armes du président Mao ». À la mort de Staline (1953), Pékin vient peu à peu sur le devant de la scène mondiale, et Liu Shaoqi affirme le rôle planétaire de la Chine en parcourant le Tiers Monde ; il va bientôt se montrer sévère sur les réformes libérales de Moscou.[...]

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