VACCHINI LIVIO (1933-2007)

Originaire du Tessin (Suisse), Livio Vacchini compte parmi les créateurs les plus inventifs de la scène architecturale contemporaine. Né à Locarno le 27 février 1933, il fait ses études primaires et secondaires dans sa ville natale, puis à Fribourg, au collège Saint-Michel, où il obtient, en 1953, un diplôme de littérature. Admis à l'École polytechnique fédérale de Zurich, il étudie l'architecture pendant cinq ans. Diplômé en 1958, il séjourne en Suède et en France avant de revenir au Tessin où débute, en 1961, sa pratique professionnelle. Il ouvre une agence d'architecture à Locarno, en 1963, en association avec Luigi Snozzi. Leurs premières œuvres communes sont des logements économiques à Locarno, une maison, la Casa Snider, à Verscio et un immeuble de bureaux à Bellinzona (1964-1965). Après 1969, Vacchini mène une carrière indépendante, collaborant toutefois, de 1973 à 1976, pour quelques projets, avec Aurelio Galfetti. En 1969, il construit sa propre maison à Ascona, un simple volume plat, sans étage, faisant corps avec le jardin jusqu'aux limites de la parcelle. L'école élémentaire de la Saulaie à Locarno (1970-1978) et le lycée construit sur ossature métallique de Losone (avec Aurelio Galfetti, 1973-1975) révèlent son attachement à la composition classique. Ces deux réalisations, ainsi que l'immeuble qu'il édifie avec Alberto Tibiletti à Lugano (1973-1975), laissent transparaître son goût pour la construction rigoureuse et pour l'œuvre de Mies van der Rohe, qui constitue pour lui une référence privilégiée.

C'est vers la fin des années 1970 que Livio Vacchini accède à la notoriété internationale, aux côtés de Luigi Snozzi, d'Aurelio Galfetti et de Mario Botta, comme l'un des principaux protagonistes de l'école du Tessin. Cette école, immédiatement repérée par la critique comme l'un des foyers les plus actifs de renouvellement de l'architecture en Europe, (avec l'école de Barcelone et l'école de Porto), semble illustrer la thèse du régionalisme critique énoncée par Kenneth Frampton, qui voit dans l'acculturation de la modernité au contact des traditions locales l'une des voies les plus prometteuses pour l'architecture contemporaine. Mais Vacchini reste en marge des traditions locales. Si certaines de ses œuvres, comme la maison Rezzonico à Vogorno (1984-1985), avec ses murs de pierres et ses toits pentus, reprennent des thèmes issus de l'architecture régionale (pour respecter les règlements en vigueur), force est de constater que la plupart de ses projets, bien qu'attentifs au contexte culturel tessinois, s'articulent à des traditions tectoniques plus larges. La maison Fumagalli à Ascona (1984-1985), l'école de Montagnola (1978-1984) et l'immeuble Alfredo à Dietlikon (avec Mario Piatti, 1984-1986) témoignent d'une prise en compte de la tradition historique du rationalisme constructif, mais aussi d'une tentative de dépassement de la rhétorique classique attachée à ce rationalisme. Cela apparaît nettement dans des réalisations comme l'aménagement du lido d'Ascona (1980-1985) ou l'agence Vacchini à Locarno (1984-1985), où l'on constate, à travers un affermissement du discours structurel, la recherche d'un langage essentiel de l'architecture.

Cette tendance se précise au cours des années 1990. Pour l'école d'architecture de Nancy (1993-1996), Vacchini conçoit un volume simple, sans saillies, ni redents, qui comprime toute la complexité du programme en une grande boîte fermée à l'avant et à l'arrière par de longues façades opaques. C'est la force de la construction qui fonde ici le rapport de l'édifice à son site. Pour Vacchini, le travail sur la forme implique nécessairement la structure. Analysant le Kimbell Art Museum (Forth Worth) de Louis Kahn, il souligne le paradoxe[...]