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AMOS LIVRE D'

Cataloguée dans la liste biblique des Douze Petits Prophètes, l'œuvre d'Amos est sans doute le premier des messages prophétiques de l'Ancien Testament qui ait été conservé sous la forme d'un livre. Amos était un paysan du village de Téqoa, à quelques kilomètres de Bethléem, dans le royaume du Sud (Juda). Rien de surprenant qu'un Judéen se soit intéressé d'aussi près aux destinées du royaume du Nord (Israël) : malgré leur séparation politique, les deux États avaient gardé une certaine unité religieuse. Le livre d'Amos est la compilation, due aux disciples du prophète, des oracles que ce dernier prononça sur le territoire d'Israël (royaume du Nord), dans un laps de temps très bref, sous le règne prospère de Jéroboam II (~ 783-~ 743). Il semble convenable de le dater de ~ 750.

On peut diviser cet ouvrage en trois parties. La première comprendrait les chapitres i et ii : on y lit le jugement prononcé par Yahvé contre huit nations, dont la dernière, Israël, est spécialement visée. Viennent ensuite les chapitres iii à vi, qui contiennent : une série de reproches suivis de brefs discours sans ordre véritable ; un passage justifiant la mission prophétique ; la liste des châtiments déjà subis par Israël et un chant funèbre. On y trouve aussi un bref poème sur le Jour de Yahvé : il précède une diatribe fameuse contre les rites purement extérieurs du culte d'Israël et une description cruelle des fastes royaux du royaume du Nord. Enfin, se succèdent cinq visions de châtiments (chap. vii à ix), les trois dernières sans appel : la vision des sauterelles ; la vision du feu ; la vision du fil à plomb ; la vision des fruits d'été et la vision du cataclysme final. Des éléments divers sont intercalés, çà et là, entre ces visions. Le livre d'Amos contient plusieurs passages dont l'authenticité est discutée : ii, 4-5, de facture deutéronomique ; iv, 13 ; v, 8-4 ; ix, 5-6, doxologies qui renforcent les menaces, et surtout la finale, ix, 8-15, que bon nombre d'exégètes datent du temps de l'Exil (les versets 13 à 15 sont en effet proches de la seconde partie d'Isaïe).

Amos est le premier chez qui l'on rencontre, formulée avec une certitude absolue et destinée à devenir le principe central de tous les prophètes pré-exiliques, l'affirmation que Yahvé est décidé à détruire son peuple. Le prophète justifie cette sentence par son immense besoin de justice d'où sa critique cinglante de la société nationale contemporaine. Amos est, en effet, le prophète de la justice. Au nom de la justice divine, il défend l'ordre moral de la création. Pour ce faire, il s'attaque durement aux désordres, aux inégalités et à l'exploitation des pauvres : autant de faits criants qui transforment Israël en l'assimilant à un groupe païen. La justice divine, dès lors, exigera davantage de celui qui est le « peuple élu » et qui, partant, a reçu davantage : son châtiment sera plus grand que celui des autres nations.

— André PAUL

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  • PROPHÈTES D'ISRAËL

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    Amos est le plus ancien des « prophètes écrivains » : originaire de la campagne, au sud de Jérusalem, il intervient dans le royaume du Nord, dirigé par Jéroboam II, dans la première moitié du viiie siècle. Le pays connaît à cette époque un temps particulièrement faste, surtout sur le plan...