DANIEL LIVRE DE
Le Livre de Daniel est classé, dans la Bible hébraïque, parmi les Écrits (Ketubim), entre Esther et l'ensemble formé par Esdras et Néhémie (pour les karaïtes, il est un livre prophétique). Dans la Septante et dans les autres versions, il figure à la suite d'Ézéchiel ; la Bible chrétienne a homologué cette disposition. C'est dans ces traductions que l'on rencontre des additions « deutérocanoniques », rédigées en grec et inconnues de l'hébreu, telles que le cantique des trois jeunes gens dans la fournaise (iii, 24-90), l'histoire de Suzanne (xiii) et la séquence de Bel et du Dragon (xiv).
Le Livre de Daniel est le plus ancien et le plus représentatif des ouvrages juifs classés dans le corpus des apocalypses. Comme dans la plupart de ces compositions, la paternité d'auteur est imputée, par l'artifice du procédé de pseudonymie, à une personnalité ancienne et probablement réelle. Le héros du livre serait-il le personnage qu'évoque Ézéchiel (xiv, 14 ; xxviii, 5), ou bien la variante d'une figure légendaire connue par les documents d'Ougarit ? La question n'est pas résolue.
Le bloc protocanonique du Livre de Daniel est rédigé en deux langues : en hébreu (i, 1-ii, 4 a et viii-xii) et en araméen (ii, 4 b-vii, 28). Il se divise en deux parties : les six premiers chapitres, de caractère narratif, puis les six autres, de genre prophétique ou plutôt apocalyptique.
La première partie comprend d'abord (i) une présentation du héros, jeune noble judéen déporté en ~ 597, introduit dans la cour de Nabuchodonosor avec trois jeunes Juifs, tous demeurant fidèles à Yahvé ; puis (ii) une évocation du prestige de Daniel, dont la sagesse surpasse celle des mages orientaux, et de la croissance de ce prestige : l'interprétation du songe de la statue lui vaut les plus grands honneurs. Les trois jeunes gens, jetés dans la fournaise pour refus d'idolâtrie, protégés par Yahvé et sauvés des flammes, sont comblés par le roi (iii, 1-23, 91-97). Daniel interprète un songe de Nabuchodonosor, et la transcendance de Yahvé se manifeste de nouveau (iii, 98-iv, 34). Au cours du festin de Balthasar (historiquement, il s'agit plutôt de Nabonide), Daniel explique des paroles énigmatiques (v). Daniel, jeté dans la fosse aux lions, est sauvé miraculeusement (vi).
La seconde partie rapporte les quatre visions. D'abord, quatre bêtes montent de la mer ; puis vient l'Ancien des jours sous l'aspect d'un roi : après la réduction à l'impuissance des quatre bêtes, il remet la domination au Fils de l'homme (vii). La deuxième vision est celle du bélier et du bouc, expliquée à Daniel par l'ange Gabriel (viii). Puis vient (ix) la vision des soixante-dix semaines d'années, l'une des plus célèbres de tout l'Ancien Testament, avec l'annonce de l'avènement du règne de Dieu. La dernière vision (x-xii) vise l'époque des Séleucides et des Lagides ; elle aboutit à Antiochus Épiphane, persécuteur des Juifs finalement châtié par Dieu ; des assurances eschatologiques, discours sur le temps de la fin, forment une conclusion.
Des hypothèses sur l'origine du livre et sur son authenticité ont sans cesse été avancées. Aujourd'hui, il semble qu'on penche pour l'unité de l'ouvrage et donc, avec quelques sérieuses nuances cependant, pour l'unicité d'auteur. L'ouvrage entier, dans son état actuel, est couramment attribué à un écrivain du temps des Maccabées. On prétend volontiers que l'auteur du Livre de Daniel était un membre du groupe des ḥasidim apparu peu avant la révolte maccabéenne. Cela expliquerait la nette opposition de l'ouvrage à l'hellénisme et sa loyauté inconditionnelle à l'égard de la Torah, dont la piété, avec la foi que celle-ci suppose, se trouvait compromise. Bien plus, il pourrait s'agir[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- André PAUL : bibliste
Classification
Autres références
-
ANTÉCHRIST
- Écrit par Hervé SAVON
- 1 183 mots
- 1 média
C'est dans un texte du Nouveau Testament — la première Épître de Jean (fin ier/déb. iie s.) — qu'apparaît pour la première fois le mot grec antichristos, dont le français « antéchrist » est le calque imparfait. Cependant, on voit se former l'idée d'un antimessie — c'est...
-
BALTHASAR
- Écrit par Valentin NIKIPROWETZKY
- 361 mots
-
BÊTE DE L'APOCALYPSE LA
- Écrit par André PAUL
- 348 mots
- 1 média
Le thème, chrétien ou judéo-chrétien, de la Bête est connu par le livre canonique de l'Apocalypse (xiii). Dans ce texte, on voit une première Bête « surgir de la mer » (rappel direct des quatre bêtes de Daniel, vii, qui sortent également de la mer, tout comme l'Aigle du IVe...
-
HOMME FILS DE L'
- Écrit par André PAUL
- 846 mots
Expression à laquelle, dans les Évangiles, Jésus a souvent recours pour se désigner lui-même. Elle intervient en trois contextes différents, selon qu'il s'agit : de l'annonce de la parousie du Fils de l'homme ; de la prédication de sa passion et de sa résurrection ; de la description de certaines...