LIVRE DE LA GUÉRISON, Avicenne Fiche de lecture
Philosophie et mystique
Ce mouvement désirant vers l'Intelligible, assimilé au Bien, peut être appelé « amour ». Dans les débats souvent confus sur la mystique, on a parfois rapproché Avicenne de tendances gnostiques ou symboliques, supposées contraires à son inspiration métaphysique. Mais la question du lien entre l'amour et la connaissance n'en demeure pas moins l'une des formulations classiques de celle, plus générale, de la relation entre foi et raison. Le Livre des directives et des remarques (Kitāb al-Ishārāt wa-l-tanbīhāt), écrit dans le style concis et ramassé, presque cryptique, des Ishārāt (Les Instructions), marque bien le rapprochement avec le soufisme. La thèse controversée d'Henry Corbin (Avicenne et le récit visionnaire, 1954) rapproche une « angélologie » avicennienne de la mystique iranienne (et du « platonicien » Sohrawardī). Mais l'état parcellaire de la transmission de l'œuvre nous interdit d'assimiler tout à fait une éventuelle voie mystique d'union à Dieu avec la doctrine de l'intellect agent telle que l'exprime Avicenne.
L'influence d'Avicenne philosophe ne se limite pas à la pensée musulmane. Sa conception de la philosophie comme encyclopédie, intégrant l'ensemble des connaissances du temps, y compris leur dimension expérimentale, a été déterminante pour la scolastique occidentale, et reprise en particulier par Albert le Grand. Outre son rôle essentiel de relais, déjà évoqué, entre la doctrine péripatéticienne et la métaphysique thomiste, sa doctrine de l'âme a encore influencé tout le courant d'un « augustinisme avicennisant » (Étienne Gilson).
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Écrit par
- François TRÉMOLIÈRES : professeur de littérature française du XVIIe siècle, université Rennes-2
Classification
Média