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LIVRE DE LA VIE, Thérèse d'Ávila Fiche de lecture

Chapelle Cornaro, Bernin - crédits : Joseph Martin,  Bridgeman Images

Chapelle Cornaro, Bernin

« On m'a donné l'ordre d'écrire ma manière d'oraison et les grâces dont le Seigneur m'a favorisée, en me laissant pour cela toute latitude. » C'est par ces mots que commence le Livre de la vie, que Thérèse d'Ávila (1515-1582) appelait aussi Le Livre des Miséricordes du Seigneur. C'est à la demande du père Ibáñez et d'autres confesseurs dominicains, qu'elle en avait entrepris une première rédaction, achevée en 1562, à Tolède. Cette année-là Thérèse fonde à Ávila le couvent de Saint-Joseph, respectant la règle du Carmel réformé. Cette première fondation est évoquée dans la seconde rédaction du Livre de la vie, entre 1563 et 1565. À la demande du Saint-Office, le père Domingo Báñez – après Jean d'Ávila, qui avait donné un avis favorable – examina le manuscrit et donna son approbation. Alors que plusieurs copies avaient déjà circulé, l'impression du manuscrit original n'eut lieu qu'en 1588, à Salamanque, par les soins de Fray Luis de León, en tête des Œuvres de Thérèse d'Ávila.

Une autobiographie mystique

L'évocation biographique et l'exposé d'une doctrine spirituelle, fondée sur une exceptionnelle expérience mystique, sont les thèmes majeurs, souvent entremêlés, du Livre de la vie. Les quarante chapitres traitent successivement des années d'enfance et de jeunesse (chap. i à iii), puis de l'entrée au monastère de l'Incarnation d'Ávila et du premier temps de vie religieuse, jusqu'à la « seconde conversion », à l'âge de trente-neuf ans (chap. iv à x). Thérèse évoque sa famille, puis elle met l'accent sur les difficultés – graves maladies, terribles souffrances – qu'il lui fallut surmonter pour réaliser sa vocation. Sa persévérance dans l'oraison fut la cause de son salut. Thérèse explique les « quatre degrés d'oraison » : l'âme est comparée à un verger arrosé par l'eau d'un puits, d'une noria et, enfin, par la pluie « et c'est sans comparaison la meilleure de toutes les manières, le Seigneur dans ce cas arrosant lui-même sans aucun travail de notre part. » Elle insiste sur la nécessité de prendre pour modèle de toute vie mystique l'humanité de Jésus-Christ. Alors qu'elle est privée des livres écrits en castillan, interdits en 1559 par l'Inquisition, Dieu lui apparaît et lui dit : « Ne t'afflige pas, je te donnerai un livre vivant. » Ce livre est le Christ lui-même (chap. xi à xxvi). Le récit de grâces exceptionnelles – visions, extases, locutions – alterne avec celui de peines intérieures très violentes, tentations, apparitions du démon, avant le premier projet de fondation, vite abandonné (chap. xxvii à xxxiv). Après l'évocation d'une terrible vision de l'enfer, Thérèse entreprend le récit de la difficile fondation du couvent de Saint-Joseph. Dans le même temps, elle reçoit de hautes révélations mystiques et de nouvelles faveurs surnaturelles (chap. xxxv à xl). Le livre est achevé au couvent de Saint-Joseph. « Loin du monde, au milieu d'une si sainte compagnie, écrit-elle dans le dernier chapitre, je vois les choses de haut, et je me soucie peu de ce que l'on peut dire ou entendre de moi. Je mets le moindre progrès spirituel d'une âme bien au-dessus de tous les jugements que l'on porte sur mon compte, car, depuis ma venue dans ce monastère, c'est vers ce but, par la grâce de Dieu, qu'ont tendu tous mes désirs. »

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Média

Chapelle Cornaro, Bernin - crédits : Joseph Martin,  Bridgeman Images

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