MALACHIE LIVRE DE

Dernier livre de la collection biblique dite des Douze Petits Prophètes, le Livre de Malachie, introduit par le titre massa (« proclamation », « oracle »), est probablement une œuvre anonyme. Le mot hébreu maleaki (« mon messager ») lui sert de nom d'auteur : ce terme, extrait de Malachie, iii, 1, est généralement pris comme nom commun (à moins qu'il ne s'agisse d'un véritable nom propre ; on trouve, en effet, d'autres noms du même type : Uri, dans Exode, xxxi, 2 ; Etni, dans I Chroniques, vi, 26 ; Buzi, dans Ézéchiel, i, 3).

Le Livre de Malachie peut se diviser aisément en six sections ou discours, qui se présentent sous forme de harangues et sont suivis d'appendices (iii, 22-24 ; l'authenticité de ces versets est discutée, le verset 22 étant emprunté au Deutéronome) : l'amour gratuit de Yahvé pour Israël (i, 1-5) ; les négligences des prêtres qui déshonorent leur Dieu (i, 6-ii, 9) ; les invectives contre les mariages mixtes et le divorce (ii, 10-16) ; l'annonce du « Jour de Yahvé » et de la venue du « Messager » qui purifiera le sacerdoce et le Temple (ii, 17-iii, 5) ; les malheurs du présent, sauterelles et disette, qui cesseront quand la dîme pour le sanctuaire sera payée de nouveau (iii, 6-12) ; la récompense des justes et le châtiment des pécheurs au jour du Jugement (iii, 13-21).

On peut dater le Livre de Malachie des environs de ~ 450. Le livre est postérieur à ~ 516 (date à laquelle le culte a repris dans le second Temple ; cf. i, 13) et probablement antérieur à l'intervention de Néhémie sur les mariages mixtes (en ~ 445).

On retrouve dans ce livre les données prophétiques traditionnelles (élection du peuple, sainteté de Dieu, équité sociale, exigences et fidélité cultuelles) ; l'influence du Deutéronome y est très marquée. Le message eschatologique (« Jour de Yahvé ») concerne seulement Israël, qui, à cette époque, devait lutter pour son existence. La densité religieuse du livre n'y perd pas pour autant, mais, au contraire (c'est le cas par exemple pour la théologie du mariage), y gagne en profondeur.

— André PAUL