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SOPHONIE LIVRE DE

Le prophète Sophonie (en hébreu, sephan-Yah, « Yahvé abrite ») n'est connu que par les renseignements relevés dans le livre biblique qui porte son nom et que l'on a classé dans la liste des Douze Petits Prophètes. Il apparaît au terme d'une généalogie (i, 1) qui le fait remonter jusqu'à un certain Ézéchias, peut-être le roi de ce nom. Judéen d'origine, Sophonie vécut et prêcha en Judée sous Josias, probablement durant la minorité et avant la réforme (en ~ 622) de ce dernier, entre ~ 640 et ~ 630 (juste avant l'intervention de Jérémie).

Le Livre de Sophonie, presque universellement reconnu comme authentique, est construit selon l'ordonnance habituelle de la plupart des écrits prophétiques : oracles de malheur, oracles contre les nations, oracles de salut. On peut y repérer quatre parties. La première (i, 2-ii, 3) comprend des menaces contre Juda et Jérusalem, suivies d'une série de cinq oracles qui annoncent très vigoureusement la venue du « Jour de Yahvé » (c'est ici qu'intervient la qualité morale et spirituelle de la anawah, « pauvreté », « humilité »). La deuxième partie (ii, 4-15) est consacrée à des menaces contre les nations : Philistie, Moab, Ammon, Égypte, Assyrie (on peut noter ici la place du « reste », ii, 9) ; la troisième (iii, 1-8) est un réquisitoire contre Jérusalem et ses chefs corrompus ; la dernière (iii, 9-20) contient une double promesse — l'une concernant les nations et l'autre Jérusalem — et fait passer de la conversion des nations au retour des dispersés, pour déboucher sur la description du « reste » et sur l'attitude de foi, exprimée par un vocabulaire de pauvreté (ani, « pauvre », celui qui a la anawah ; dal, « chétif », « miséreux »).

Comme tous les prophètes, Sophonie réfléchit sur le « péché » d'Israël, et, comme Amos, il annonce, aussi bien pour Juda que pour les nations, le « Jour de Yahvé ». Cela n'empêche pas cependant les promesses de salut : l'annonce du « reste », composé de « pauvres » et présenté sous les traits de la « fille de Sion » (iii, 14-18 — formule qui désigne encore ici, en attendant les métaphores significatives qui s'y préparent déjà, le nouveau quartier de Jérusalem où s'étaient installés les réfugiés du Nord), prend une grande importance. La spiritualité évangélique (Matthieu, v, 3-4 : « Heureux les pauvres de cœur [...] heureux les doux — mot dont la matrice sémantique est anawim —, car ils posséderont la terre ») se trouve ici déjà en gestation.

— André PAUL

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