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TOBIT LIVRE DE

Écrit biblique deutérocanonique, le livre de Tobit (souvent dit de Tobie) forme, avec les livres de Judith et d'Esther, un groupe dont la place est variable dans les grands manuscrits grecs de la version des Septante. Ce texte n'était connu que par sa traduction grecque lorsque furent découverts, à partir de 1947, les manuscrits de la mer Morte. Parmi ceux-ci figuraient trois versions de la légende de Tobit, deux en araméen et une en hébreu (J. T. Milik, Dix Ans de découverte dans le désert de Juda, Paris, 1957), que les scribes de Qumrân ont tenu à recopier pour qu'elle fût transmise de génération en génération.

Une équivoque due à la forme latine Tobias a fait que le livre a souvent été intitulé Tobie. En fait, le récit met en scène deux personnages de même nom. Le nom de Tobie ne convient qu'au fils, et celui de Tobit au père, ce dernier figurant en tête de l'ouvrage.

En exil à Ninive avec sa tribu, Tobit se conduit de manière irréprochable : il est juste, pieux, et respecte en particulier le rite de l'ensevelissement des morts. Malgré cela, il est aveugle. Cette douleur, et bien d'autres encore, le poussent à demander à Dieu de lui retirer la vie. Au même moment, à Ecbatane (en Médie), Sara, sœur de  Ragouël, un parent de Tobit, demande elle aussi à Dieu de mettre fin à ses jours : le démon Asmodée a tué successivement ses sept maris durant leur nuit de noces. Dieu entend ces deux prières et envoie son ange Raphaël.

Le récit est parsemé de détails folkloriques et merveilleux : l'ange apprend à Tobit les effets magiques du cœur, du foie, du fiel d'un poisson que celui-ci a capturé dans le Tigre. Les fumées du cœur et du foie en train de brûler expulseront le démon qui contrariait le mariage de Sara et permettront les noces de celle-ci avec Tobie ; le fiel sera utilisé comme remède à la cécité de Tobit.

Cet écrit est aussi une leçon de morale du genre haggadique (la haggada consiste en une spéculation libre sur la loi) : les anecdotes qui constituent l'histoire sont là pour encourager prière, piété, observance des préceptes familiaux tels que la loi du lévirat et celle de la Torah en général.

Il est difficile de dater avec précision la rédaction du livre de Tobit, parce qu'aucun indice ne le rattache à une situation particulière du judaïsme. Il a été probablement écrit parmi les juifs de la Diaspora, au ~ ive ou au ~ iiie siècle. Le récit offre des points de contact indiscutables avec un texte de la littérature babylonienne, la Sagesse d'Ahikar (Tobit, i, 22 ; ii, 10 ; xi, 18), qui remonte au moins au ~ ve siècle.

— Marie GUILLET

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