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LÉVITIQUE LIVRE DU

Le mot « Lévitique » est la transcription du mot latin Leviticus (Vulgate), décalque du titre grec Leviticon que la version des Septante a donné à l'ensemble des livres qu'on appelle aussi « Troisième Livre de Moïse ». Les juifs dénomment ce même livre par sa première formule, Wayyikera (« Et il appela »). L'apparition du mot s'explique très bien, l'ouvrage traitant du culte israélite spécialement confié à la tribu de Lévi : le Lévitique est à la croisée d'un héritage double, celui des coutumes cananéennes largement assimilées par Israël et celui des pratiques de ses ancêtres nomades qui lui appartenaient en propre.

La composition du Lévitique, livre sacerdotal, est très complexe : formant une collection de coutumes, les unes anciennes, les autres plus récentes, les textes de ce livre ne sont pas d'une seule venue. A part quelques touches narratives mineures, ils ne rapportent guère que des lois ; celles-ci peuvent se regrouper selon cinq catégories :

1. (i-vii) Loi des sacrifices. Cinq types de sacrifices sont décrits : l'holocauste (très ancien en Israël et en principe occasionnel ; l'animal entier est consumé et offert en action de grâces après une manifestation divine) ; l'oblation (sacrifice des produits du sol propres aux sédentaires) ; le sacrifice de communion (ou « pacifique », ou, mieux, « de plénitude » ; très répandu chez les Sémites et ailleurs ; rite central des fêtes régulières avec banquet sacré) ; le sacrifice de réparation (offert dans le cas d'atteinte involontaire aux droits de la divinité) ; le sacrifice pour le péché (très proche du précédent, il est offert pour les fautes contre le prochain qui, assimilées aux fautes contre Dieu, sont accompagnées de dommages ; c'est un sacrifice expiatoire avec amendes).

2. (viii-x) Rites pour la consécration des prêtres : récit (c'est l'un des rares passages à allure narrative) de la consécration sacerdotale d'Aaron et de ses fils, de leurs premiers sacrifices, de la punition de Nadab et d'Abihu à cause d'un sacrifice irrégulier ; relation de diverses dispositions sur les prêtres.

3. (x-xvi) Lois de pureté légale : sur la nourriture, la pureté féminine, la lèpre et les maladies voisines, les impuretés sexuelles ; à cette nomenclature est jointe une description détaillée du grand jour des expiations.

4. (xvii-xxiii) Loi de sainteté : un premier groupe de lois concerne le peuple, un deuxième concerne les prêtres, un troisième traite des jours de fête.

5. (xxiv-xxvii) Préceptes complémentaires divers.

Cet ensemble n'est pas homogène. On y décèle la superposition, à un vieux rituel de purification, d'une nouvelle liturgie qu'inspire une doctrine élaborée du péché contre la Loi.

Il y a presque deux siècles que l'on attribue le Lévitique à la tradition sacerdotale. Son influence sur le judaïsme fut très grande. Il a profondément marqué les Chroniques, plusieurs psaumes et le livre des Maccabées. Le code tannaïtique de la Mishnah se situe dans son sillage. C'est par le commentaire du Lévitique que les rabbins commençaient l'éducation religieuse des enfants. Ainsi s'explique le fait que le christianisme primitif ait manifesté des réserves à son égard.

— André PAUL

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