STERLING LIVRE
L'étalon or
Le billet convertible
Le Lord Liverpool's Coinage Act du 22 juin 1816 limite le pouvoir libératoire des pièces d'argent et ordonne la reprise de la frappe de l'or, qui était suspendue depuis 1797. En 1817, la Monnaie met à nouveau en fabrication des souverains, au cours de 20 s. et au poids de 5 d. 3 grains troy, restaurant ainsi le pair métallique auquel Newton avait stabilisé la livre un siècle plus tôt. Le billet redevient convertible et l'Angleterre est pleinement en régime d'étalon or à partir de 1821.
Outre la référence à l'or, l'abondance et la liberté des financements, l'absence de contrôles excessifs de l'État sur l'activité bancaire et financière confortent la prééminence de la livre. Les banques et les établissements financiers s'épanouissent sous la tutelle bienveillante de la Banque d'Angleterre (John Clapham, 1944) qui est réorganisée. Le Bank Charter Act que Robert Peel fait voter en 1844 fixe une limite absolue à l'émission de billets et exige une couverture or à 100 p. 100 de toute émission supplémentaire. La Banque d'Angleterre se voit aussi attribuer le monopole de la création de billets, mettant ainsi fin progressivement au régime de la liberté bancaire qui acceptait la pluralité des émissions. Le Département de l'émission de la Banque d'Angleterre fonctionne comme un currencyboard, une caisse tenue de limiter l'émission de nouveaux billets en fonction d'une couverture en or qui lui permette de satisfaire toutes les demandes de rachat des billets en or. La centralisation du stock des réserves d'or à Londres et la sensibilité des mouvements de capitaux et des flux d'espèces aux variations du taux d'escompte décidées par le Département de la banque assurent l'ajustement rapide de la liquidité et du crédit aux changements de la demande.
Depuis la reprise de la frappe de l'or en 1816 jusqu'à la Première Guerre mondiale, la période est généralement jugée comme celle d'une stabilité monétaire exemplaire. La représentation traditionnelle du fonctionnement de l'étalon or avec ses mécanismes automatiques d'ajustement des prix et des flux de réserves, ses limites d'appréciation et de dépréciation des monnaies aux points d'or, ainsi qu'une règle de variation du taux d'intérêt de la Banque mettent en évidence la perfection du régime d'étalon or.
Les points d'or
Un exemple permet d'illustrer le mécanisme des points d'or. Ainsi, le pair de la livre à New York est égal au rapport du poids théorique en once troy d'or fin de la livre (0,257) à celui du dollar, soit 4,86 dollars. Par ailleurs, les conditions commerciales d'un transfert physique d'or de New York à Londres (fret, assurance, coûts de vérification) sont, par exemple, de 2 cents pour 4,86 dollars d'or, c'est-à-dire environ 4 p. 100. Aussi longtemps, dans ces conditions, que les effets payables à Londres s'achètent à New York à un prix inférieur à 4,88 dollars, les débiteurs de l'Angleterre continuent à effectuer des remises sur Londres. Si le cours du papier sur Londres se fixe, par suite d'une raréfaction temporaire, à 4,89 dollars, les débiteurs de l'Angleterre ont intérêt à acheter de l'or à New York au taux légal (4,86 dollars = 0,257 once d'or) et à le faire expédier à Londres (avec des frais de 4 p. 100) où il sera changé au taux de 4,88 dollars (4,86 + 0,02) par livre, soit un prix inférieur à celui auquel s'achète la livre à New York. Le cours de 4,88 dollars est la limite supérieure de dépréciation du dollar (ou d'appréciation de la livre), donc le point de sortie de l'or de New York (ou le point d'entrée à Londres). En sens contraire, un créancier de l'Angleterre à New York préfère importer de l'or à Londres dès que la livre se déprécie au-delà de 4,84 dollars (4,86 – 0,02), plutôt[...]
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Écrit par
- Sophie BRANA : docteure en sciences économiques, professeure des Universités en sciences économiques
- Dominique LACOUE-LABARTHE : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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