STERLING LIVRE
Le retour à la convertibilité
Compensation et transférabilité
La Grande-Bretagne met en place, comme les autres pays industrialisés, des contrôles sur les changes, les mouvements de capitaux et même de marchandises pendant la guerre et dans la période de pénurie qui lui succède. Elle bénéficie à plusieurs reprises de lignes de crédit bilatérales négociées avec les ÉtatsUnis à des conditions privilégiées. En contrepartie, l'Angleterre est poussée à restaurer la convertibilité or du sterling, ce qu'elle tente du 15 juillet au 20 août 1947, une expérience aussi prématurée que désastreuse. En revanche, après une dévaluation de 30 p. 100 de la livre par rapport au dollar en 1949, qui rétablit la compétitivité commerciale du pays, Londres réussit, patiemment, à réorganiser la zone sterling en libéralisant progressivement les transferts et en limitant les balances sterling inconvertibles accumulées par ses créanciers. En rouvrant le marché libre de l'or à Londres dès le 22 mars 1954, l'Angleterre voit la City retrouver son prestige et ses banques préparer la réouverture d'un marché des changes actif. En maintenant une sous-évaluation des balances sterling, le fonds d'égalisation des changes parvient à créer une demande excédentaire de monnaie nationale qui lui permet d'acheter des dollars et de constituer un stock de réserves suffisant pour autoriser, en 1958, la convertibilité du sterling en dollars au bénéfice des non-résidents.
La convertibilité externe
Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la restauration de la convertibilité en 1958, le Royaume-Uni oscille entre une tentative de maintien d'une grande position monétaire internationale, de pair avec les États-Unis, et un mouvement de repli sur l'Europe, voire sur la seule zone sterling. La délégation britannique aux négociations de Bretton Woods en 1944, où Keynes joue un rôle important, recommande un mécanisme de compensation multilatérale des paiements, des taux de change stables mais flexibles, une reconstitution des liquidités internationales. Selon le projet anglais, un Fonds monétaire international serait le dépositaire des réserves et les utiliserait, comme une coopérative, selon les besoins des États membres. Il serait dépourvu du pouvoir de créer des liquidités additionnelles, ce rôle étant réservé au dollar et à la livre sterling, seules monnaies convertibles en or. Ces ambitions restent cependant bridées tant que la livre est inconvertible et que les balances sterling non transférables subsistent. Le Fonds monétaire international, créé en 1947, en pâtit et ne reflète finalement pas tous les principes avancés par le Royaume-Uni.
Les autorités britanniques essaient aussi, mais en vain, de prendre l'ascendant au sein de l'Union européenne des paiements (UEP) entre 1950 et 1958 en voulant la conformer au modèle de la zone sterling plutôt que de laisser la zone sterling se fondre dans l'UEP. Pendant le conflit de Suez, en 1956, les ambitions britanniques résistent mal aux conditions que les États-Unis imposent pour l'octroi d'une ligne de crédit sans laquelle le Royaume-Uni ne pourrait soutenir sa monnaie.
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Écrit par
- Sophie BRANA : docteure en sciences économiques, professeure des Universités en sciences économiques
- Dominique LACOUE-LABARTHE : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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