HÉNOCH LIVRES D'
Les auteurs juifs d'apocalypses étaient en quête de personnages illustres et homologués par la tradition qui fussent capables de servir de garants aux révélations que ces auteurs se donnaient la mission de transmettre. Le patriarche Hénoch, dont le livre de la Genèse dit qu'il « marcha avec Dieu » avant d'être enlevé aux cieux (v, 24), le même que l'auteur de l'Ecclésiastique présente comme « un prodige de science pour toutes les générations » (xliv, 16), était tout indiqué pour une fonction de cet ordre. Replacé dans l'horizon plus vaste des traditions anciennes, Hénoch était, de plus, dans la Bible, en sa qualité de septième patriarche antédiluvien, la réplique du septième roi antédiluvien de la tradition babylonienne, Enmedouranki, comme lui destinataire de la révélation des secrets divins et récipiendaire des tablettes des dieux. Il n'est donc pas étonnant qu'Hénoch, l'initié des mystères célestes, soit devenu le héros prête-nom de tout un corpus d'apocalypses. Les restes de l'immense littérature hénochienne nous sont parvenus principalement par le canal de deux livres : le Livre éthiopien d'Hénoch et le Livre slave d'Hénoch.
Le Livre éthiopien d'Hénoch (ou Premier Livre d'Hénoch) est l'une des plus grandes apocalypses juives. Compilation en cinq parties, il compte cent quatre chapitres d'exhortations et de prophéties sur la fin des temps, pièces éparses à l'origine et en partie orales. Son nom, « Hénoch éthiopien », lui vient de la seule version dans laquelle il nous est parvenu en entier. Dès le Nouveau Testament, les auteurs chrétiens citent cette œuvre. Elle est certainement palestinienne, d'un milieu proche du pharisaïsme. Sa langue originale est l'hébreu, ou l'araméen (des fragments dans ces deux langues ont été retrouvés à Qumrān). Les parties les plus anciennes, les trente-deux premiers chapitres par exemple, peuvent remonter à la première partie du ~ iie siècle ; le restant s'échelonnerait jusque vers la prise de Jérusalem par Pompée, en ~ 63. L'édition de la collection complète est probablement antérieure au christianisme. La traduction grecque, à partir de laquelle fut réalisée la version éthiopienne, au ve ou au vie siècle, est antérieure à l'Épître de Jude qui la cite (14 b-15). L'angélologie et la démonologie tiennent une grande place dans ce livre : un pas décisif y est franchi par le judaïsme dans son évolution vers le dualisme. Dans son état actuel, cet ouvrage contient, intercalé au milieu des voyages du patriarche (xxxvii-lxxi), un texte d'un caractère tout différent, non attesté à Qumrān : le Livre des paraboles d'Hénoch. Ce passage est bien connu par le rôle marquant qu'y jouent l'« Élu de justice », qui habite avec le « Seigneur des Esprits », et surtout le « Fils de l'homme », qui trône aux côtés de la « Tête des jours » — appellations déjà repérables dans le Livre de Daniel (vii).
Le Livre slave d'Hénoch (ou Livre des secrets d'Hénoch, ou encore Second Livre d'Hénoch) est un ouvrage typiquement apocalyptique, écrit en grec, au ier siècle, par un Juif (ou par un judéo-chrétien) palestinien, et conservé en vieux slave. Le patriarche accomplit un voyage à travers les « sept cieux » et reçoit une série de révélations. La création du monde lui est décrite et les secrets de l'avenir lui sont dévoilés.
Le Livre hébreu d'Hénoch (ou Troisième Livre d'Hénoch) est une compilation rabbinique du iiie ou du ive siècle, dont le contenu reflète des tendances mystiques du judaïsme plus ancien.
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Écrit par
- André PAUL : bibliste
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