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SAGESSE LIVRES DE

Sagesse ancienne et sagesse classique en Israël

La tradition d'Israël fait remonter à Salomon les origines de la littérature de sagesse. Si l'on admet, avec certains, que les auteurs de sagesse étaient les « gens du roi », capables de rédiger les rapports et d'administrer sagement au nom de celui-ci, il n'est pas impossible que Salomon ait fait appel à des fonctionnaires égyptiens, puisqu'il épousa une Égyptienne. Il est curieux en tout cas de relever dans l'histoire de Joseph (Genèse, xxxvii-xlviii) bien des détails qui manifestent une connaissance assez précise de la sagesse égyptienne. Plusieurs auteurs, en particulier Paul Humbert, ont mis en relief « les sources égyptiennes de la littérature sapientiale d'Israël ». Il semble que cette vue soit juste. Il n'est nullement question d'admettre une date aussi haute que le règne de Salomon pour un ouvrage tel que les Proverbes. Mais ce livre en particulier, et plus généralement tous les ouvrages de sagesse contenus dans la Bible, bien que rédigés dans les derniers siècles avant l'ère chrétienne, comportent des éléments très anciens qui peuvent parfaitement remonter à l'époque de la monarchie israélite. L'expression même de Proverbes (meshalim, pluriel de mashal) désigne de courtes sentences groupées parallèlement en distiques. C'est précisément le genre littéraire utilisé par la Sagesse d'Amenemopé et par les Instructions d'Ankhsheshanqy. La ressemblance n'est pas seulement dans la forme, mais aussi dans le fond. On a remarqué depuis longtemps les liens étroits entre la Sagesse d'Amenemopé et le livre des Proverbes (xxii, 17-xxiv, 22). L'immense majorité des critiques en a conclu à une dépendance du texte biblique à l'égard du livre égyptien.

Mais une vue trop unilatérale des choses est dangereuse. Le dossier de la sagesse babylonienne et, plus généralement, de la sagesse sémitique n'a peut-être pas été suffisamment utilisé encore. En particulier, les textes de Ras-Shamra paraissent devoir être pris en considération d'une manière plus suivie. Les premiers essais de comparaison montrent que le vocabulaire de sagesse qu'ils emploient est souvent apparenté à celui de la Bible, spécialement dans des cas où les parallèles égyptiens ne sont pas très éclairants. Un vaste domaine s'ouvre donc aux chercheurs, dont les découvertes pourraient modifier assez profondément les vues classiques sur les origines de la sagesse d'Israël, en déplaçant celles-ci vers un pays de langue sémitique géographiquement très proche d'Israël.

En réalité, l'ancienne sagesse d'Israël n'est connue que par les fragments qui en subsistent au sein des ouvrages « classiques ». Le premier et le plus ancien de ces derniers est le livre des Proverbes. Si l'on met à part la section dont on a parlé et deux ou trois sections semblables, telles que les « Paroles d'Agour, fils de Jaké » (xxx) ou les « Paroles du roi Lamuel » (xxxi, 1-9), si d'autre part on laisse de côté l'introduction (i-ix) et la conclusion (xxxi, 10-31), le corps de l'ouvrage est constitué par deux collections importantes des « proverbes de Salomon », l'une comprenant 373 maximes (x-xxii, 16), l'autre 127 maximes du même genre (xxv-xxix). Il est difficile de dater ces deux collections, mais tous s'accordent à les placer après l'Exil (586-536) et plutôt vers le ive siècle avant J.-C. On y trouve, sous une forme presque classique, la vieille sagesse traditionnelle. Elle s'appuie sur une observation concrète, qui souvent n'implique aucune appréciation morale. On souligne le succès des riches, des malins, des flatteurs, des indélicats, de ceux qui savent utiliser les pots-de-vin. Pourtant, l'appréciation critique se manifeste qui vise à tracer une[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Université libre de Bruxelles

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