SALOMON LIVRES DITS DE
Dans leur ensemble, les livres sapientiaux (Proverbes, Ecclésiaste, Sagesse et Cantique des cantiques) ont été attribués à Salomon. Fiction littéraire, artifice de pseudépigraphie, à la manière dont on avait attribué le Pentateuque à Moïse et les Psaumes à David. La réputation de sagesse dont fut auréolé Salomon en est la cause. On lit dans le Ier livre des Rois : « Sa renommée s'étendait à toutes les nations d'alentour. Il prononça trois mille sentences... » (v, 11-12). Et l'on connaît l'histoire fameuse des deux femmes prétendant chacune être la mère d'un unique enfant (iii, 16-28). Le règne de Salomon représente la fécondité culturelle qui, parallèlement à l'organisation administrative, caractérise la seconde génération d'une jeune dynastie. Les échanges commerciaux avec l'Égypte et la Phénicie se doublèrent d'échanges culturels ; les éléments de sagesse y étaient particulièrement représentatifs.
Le Livre de la Sagesse est chronologiquement le dernier écrit de l'Ancien Testament. C'est un livre deutérocanonique (« apocryphe » pour les protestants). Comme pour marquer sa valeur, la Vulgate l'intitule Liber Sapientiae. Il est appelé Sagesse de Salomon dans les manuscrits grecs. Avec l'œuvre de Philon, c'est, de beaucoup, l'ouvrage le plus remarquable du judaïsme hellénistique. Il fut écrit de façon admirable, en grec, par un élève des rhéteurs et philosophes grecs qui reste anonyme (malgré les efforts de certains exégètes pour l'identifier, qui à Philon comme Jérôme, qui à Aristobule, ou bien à Jésus fils de Sirach, comme Augustin, ou encore à Apollos, le compagnon de saint Paul). Néanmoins il demeure très juif d'inspiration. Amalgame brillant de doctrines classiques (liées au monothéisme biblique) et d'aperçus nouveaux (sur la rétribution des mérites et sur l'immortalité de l'âme), il intègre des genres littéraires divers dans un ensemble que l'on définit comme une exhortation didactique reflétant un genre répandu dans le monde culturel de l'époque. On peut dater ce livre de la première moitié du ier siècle préchrétien. Il utilise la traduction des Septante et sa doctrine est tardive ; mais on n'y trouve aucune trace des idées philoniennes ou même préphiloniennes. Absent du canon juif, il fut reçu avec faveur dans l'Église primitive. Les lettres de saint Paul et l'évangile selon saint Jean ont très nettement subi son influence. Ses affinités avec la littérature palestinienne de Qumrām ou des Pseudépigraphes sont grandes (comparer Sagesse, ii, 24, consacré à la tentation diabolique, et Règle de Qumrān, iii, 20-24). La liturgie catholique, jusque dans ses réformes récentes, particulièrement dans ses usages hagiographiques, n'a cessé de l'honorer largement. Ce livre se divise en trois parties, dont chacune développe, d'une façon particulière, la thèse énoncée dans le premier chapitre (1-15) et adressée aux rois de la Terre : il n'y a pas de sagesse en dehors de la justice ; cette justice ne peut venir que de Dieu, et celui qui se détourne d'elle va à la mort. Première partie (i, 16-v, 23) : réfutation des thèses épicuriennes sur l'impunité des exactions ; affirmation de la récompense immortelle des justes et du châtiment éternel des impies. Deuxième partie (vi, 1-ix, 18) : Salomon s'adresse aux rois païens et les presse de suivre son exemple ; il a trouvé la pureté et s'est garanti l'immortalité par l'obtention d'une sagesse divine qu'il a su demander. Troisième partie (x, 1-xix, 22) : on y voit la sagesse à l'œuvre dans l'histoire d'Israël, depuis Adam jusqu'à Moïse ; les fidèles de Dieu et de sa Sagesse sont tous sauvés, les idolâtres châtiés ; cette démonstration — brillant développement du genre[...]
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Écrit par
- André PAUL : bibliste
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