LOFTUS ELIZABETH (1944- )
La psychologue américaine Elizabeth Loftus est considérée comme la pionnière de la psychologie judiciaire moderne pour ses travaux innovants sur la malléabilité de la mémoire et son engagement permanent contre les erreurs judiciaires. Élue à la prestigieuse Académie nationale des sciences américaine, elle a été classée cinquante-huitième sur la liste des chercheurs en psychologie les plus influents du xxe siècle, et première femme, par la Review of General Psychology.
Elizabeth Fishman, de son nom de naissance, voit le jour le 16 octobre 1944 à Los Angeles. Elle prendra le nom de Loftus à l’âge de vingt-trois ans lorsqu’elle épousera Geoffrey Loftus, un camarade de promotion. À la suite de l’obtention d’un double doctorat en psychologie et mathématiques à l’université de Stanford en 1970, elle intègre l’université de Washington avant de rejoindre celle de Californie, Irvine, en 2002. Après ses premiers travaux scientifiques, axés sur la mémoire sémantique, elle se tourne rapidement vers la recherche appliquée. Partant de l’observation des accidents de la route, elle démontre d’abord comment une suggestion rudimentaire – un mot connoté ou une fausse information au sein d’une question (les voitures se sont percutées ou touchées) – peut altérer le rappel d’une scène-critique et élabore ainsi un nouveau paradigme de recherche, le paradigme de désinformation. Souhaitant développer ses recherches sur le témoignage, elle alterne travail de terrain au sein des services de police et travail de recherche en laboratoire où elle se concentre sur le concept des « faux souvenirs ». Ses résultats innovants sont bientôt reconnus par de nombreux avocats et professionnels de la justice et lui valent d’être sollicitée comme expert à l’occasion de très nombreuses affaires judiciaires.
Confrontée au cours des années 1990 à l’affaire George Franklin – cet homme fut condamné pour meurtre sur la seule base du témoignage de sa fille, reposant sur un souvenir d’enfance recouvré au cours d’une thérapie déviante, celle de la « mémoire retrouvée » –, elle teste expérimentalement l’hypothèse de l’implantation de faux souvenirs d’événements complets en mémoire. Elle démontre alors qu’il est possible d’implanter, par suggestion et imagination, le « souvenir » d’un événement qui n’est jamais survenu.
Bibliographie
E. F. Loftus, EyewitnessTestimony, Harvard University Press, Cambridge, 1979.
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Écrit par
- Céline LAUNAY : maître de conférences en psychologie sociale, université de Toulouse
- Jacques PY : professeur des Universités
Classification
Autres références
-
PSYCHOLOGIE DU TÉMOIGNAGE
- Écrit par Céline LAUNAY et Jacques PY
- 1 467 mots
C’est à la fin du xixe siècle et au début du xxe que se développèrent différentes recherches en Europe et aux États-Unis, prémices de la psychologie judiciaire scientifique, évaluant les facteurs susceptibles de rendre compte des erreurs de témoignage. En France, Alfred Binet démontra...