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LOGEMENT OUVRIER

Un paternalisme plus moderne

Sans atteindre un tel degré de sophistication, le développement de l'intervention patronale dans les domaines les plus variés de la vie ouvrière a principalement profité au logement : la modernisation des cités est un fait majeur du siècle écoulé dans l'histoire du paternalisme.

Cette évolution s'observe bien, de la fin du xixe siècle au lendemain de la Première Guerre mondiale, dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais ou dans le bassin sidérurgique lorrain. Dans le premier cas, au modèle du coron(rangées de logements mitoyens) mis au point par la Compagnie d'Anzin avant 1870, succède jusque vers 1900 celui de la cité pavillonnaire, avant que ne triomphe celui de la cité-jardin, d'inspiration britannique. Ainsi, les compagnies ont abandonné la maison exiguë et le jardinet médiocre pour des logements groupés par deux ou par quatre, aux pièces plus grandes et enfin pour des chalets distribués le long d'une voirie moins géométrique, avec des espaces verts plus généreux. La cité-jardin apparaît aux mines de Dourges en 1905-1909, inspirée des modèles de Bourneville et de Port Sunlight. Entre les deux guerres, la cité des Bleuets, et à Bruay, la cité des Aviateurs, à Anzin, témoignent d'un renouveau d'intérêt de la part des architectes, qui proposent un habitat plus individualisé et mieux décoré. En Lorraine, le démarrage foudroyant de la sidérurgie et des mines de fer, plus tard la modernisation qui a suivi la Libération ont conduit les grandes sociétés (Sollac, Sacilor) à des investissements considérables qui compensaient une certaine modestie des salaires au moyen d'une politique dynamique du logement.

Dans toute l'Europe occidentale des années 1920, la cité-jardin est devenue le logement populaire moderne par excellence. Elle dépasse les intentions du paternalisme et offre désormais le modèle d'un environnement acceptable pour toutes les classes sociales, grâce à un souci de qualité quasi esthétique de la vie inspiré par les hygiénistes et les architectes.

D'autres expériences s'efforcent de lui donner plutôt un caractère d'urbanité, sous la forme de petites villes autonomes et fermées sur elles-mêmes. Tel est le cas des Siedlungen rhénanes et des colonias catalanes. Le grand projet de l'Emscher Park, dans le district industriel de la Ruhr, entrepris dans les années 1980, inclut la réhabilitation de vingt cinq cités dans le cadre de la rénovation des quartiers urbains. C'est dire que les cités ouvrières historiques offraient déjà une qualité de confort et d'organisation de l'espace et des services tout à fait remarquable. La cité de Schüngelberg, à Gelsenkirchen (300 logements) construite de 1897 à 1916, en est l'exemple le plus brillant : homogénéité de l'aspect d'ensemble en dépit de l'individualisation de chaque maison ; soin apporté aux jardins d'agrément, aux équipements collectifs et aux espaces de circulation.

Les colonias créées dans l'arrière-pays de Barcelone, à la même époque, par de grands entrepreneurs cotonniers sont un cas singulier dans la mesure où, à la volonté de maintenir les salariés dans le voisinage immédiat de l'usine, elles ajoutent un esprit d'indépendance farouche à l'égard des sites urbains anciens et s'efforcent d'organiser en un ensemble clos et cohérent le travail, la vie de famille et la vie collective. Un « zonage » relativement soigné articule les uns aux autres les ateliers, les rues géométriquement alignées mais coupées de superbes places ombragées, l'église et la villa patronale. L'une des plus proches de Barcelone, la colonia Guell, a procuré l'occasion d'un remarquable exercice d'architecture à Gaudi lui-même et à son école. Certaines réhabilitations en cours expriment bien la réussite de ce[...]

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Écrit par

  • : responsable du programme international de l'écomusée de la communauté urbaine Le Creusot-Montceau

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Autres références

  • PATRIMOINE INDUSTRIEL (France)

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    ...décrite au Creusot, où une seule famille règne sur des milliers d'individus, se retrouve également à la chocolaterie Menier à Noisiel (Seine-et-Marne), dotée d'une cité ouvrière : maisons individuelles pour les couples mariés et pensions de famille pour les célibataires, bains-douches, crèches, garderies,...