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LOGICIELS

Une brève histoire du génie logiciel

Rappelons quels ont été les attendus principaux de ce que l'on a appelé, à l'issue de deux conférences célèbres du comité scientifique de l'O.T.A.N. (à Garmisch, en Allemagne, du 7 au 11 octobre 1968, et à Rome, en Italie, du 27 au 31 octobre 1969), le software engineering, rendu en français par « génie logiciel ».

Le génie logiciel est la science de l'ingénieur qui s'intéresse aux procédés scientifiques de construction et d'entretien des logiciels, et bien sûr à la « matière » même de cette construction : d'abord les programmes eux-mêmes, les fichiers et bases de données, les scripts de paramétrage nécessaires à l'exécution du programme, puis tout ce qui gravite autour (spécification de besoins et exigences des utilisateurs futurs, spécification de conception, tests, documentation pour les mainteneurs, le support technique et les usagers). Le but du génie logiciel est de maximiser la durée de vie et la qualité des logiciels, tout en minimisant les coûts et le délai. Son objet est cette partie de l'information que l'on pourra informatiser, en se rappelant que le mot informatique est la fusion des deux mots, information et automatique.

La productivité est au cœur de la mise en œuvre des technologies de l'information, et donc de l'activité des ingénieurs informaticiens, d'où deux aspects complémentaires :

– augmenter le nombre d'ingénieurs capables de réaliser les programmes, voire permettre à de simples usagers de réaliser eux-mêmes les programmes dont ils ont besoin avec des outils comme les tableurs qui voient le jour avec la micro-informatique dans les années 1980 ;

– améliorer la productivité des programmeurs et des équipes réalisant les programmes, par un ensemble de méthodes, d'outils, de facilités d'emploi, de savoir-faire formant un tout cohérent.

En parallèle à la problématique de l'outil, qui démarre dès les années 1960, se greffe très rapidement une problématique projet, qui s'intéresse à l'efficacité des équipes opérant de concert pour réaliser des logiciels dont la taille excède de beaucoup celle dont serait capable un petit groupe de programmeurs, même très doués. Dans ce cas, c'est l'organisation, la méthode, l'architecture, les valeurs partagées qui vont permettrent l'efficacité.

Ces deux problématiques sont complémentaires. Cela permet déjà de dire qu'un outil qui crée des difficultés de communication au sein des équipes est un outil à proscrire. Réciproquement, une méthode qui présuppose des outils qui n'existent pas, ou des outils dont le coût de possession ruine la rentabilité économique du projet, n'aura aucune chance de survie dans notre univers socioéconomique où il faut être le meilleur, économiquement parlant. C'est un équilibre dynamique subtil entre ces deux problématiques qui permet le développement des technologies de l'information et de la communication.

On peut analyser la brève histoire du génie logiciel avec comme fil directeur cette double problématique :

– histoire des outils qui ont indiscutablement permis d'augmenter la productivité des programmeurs ;

– histoire des méthodes qui ont permis à des équipes de programmeurs toujours plus nombreuses de travailler de concert, mais avec une limite qui semble se situer aux alentours de huit cents à mille personnes dans un même projet (cas des systèmes d'exploitation des ordinateurs, qui restent à ce jour les programmes les plus complexes jamais réalisés).

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  • : professeur titulaire de la chaire de génie logiciel au Conservatoire national des arts et métiers

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