- 1. Raisonnement et prédication
- 2. L'art de la controverse
- 3. La doctrine de l'inférence
- 4. Logique, grammaire et perception
- 5. Le mot et la chose
- 6. Le syllogisme en cinq parties
- 7. Théorie de l'argumentation : essais de formalisation
- 8. Logique et connaissance
- 9. Le problème des universaux
- 10. Bibliographie
LOGIQUE INDIENNE
La doctrine de l'inférence
Des difficultés insurmontables empêchent de reconstruire la doctrine ancienne sur l'inférence, car même les commentaires indiens les plus anciens qu'on connaisse ne s'accordent pas quant à la signification exacte des trois types d'inférence que la tradition nous présente sous les noms de « avec précédent » (pūrvavat), « avec le reste » (śeṣavat) et « considéré à l'égard de ce qui est commun » (sāmānyato dṛṣṭam). Parmi les interprétations modernes qui se fondent sur le sens littéral de « pūrva » et « śeṣa » en grammaire, la plus convaincante est celle qui identifie l'inférence « pūrvavat » avec le modus ponendo ponens (si >le précédent< est valide, [alors >le suivant< est valide] : dans A → B, en affirmant ou posant A on affirme ou pose B, on a donc A, A → B ≺ B). De même l'inférence en śeṣavat s'identifie au modus tollendo ponens ([si l'un des membres d'une alternative valide n'est pas valide] alors >le reste< est valide : dans A ∨ B, en niant A on affirme B, on a donc A ∨ B, −| A ≺ B). L'inférence en sāmānyato-dṛṣṭam s'identifie à une inférence par analogie où >ce qui est commun, l'élément commun< fonctionne comme tertium comparationis (par exemple, si les oies sont des oiseaux alors les canards sont des oiseaux, parce que tous deux ont des plumes ; ce raisonnement est valide à condition que soit valide un tertium comparationis qui dit : avoir-des-plumes implique être-un-oiseau). Vṛṣagaṇa transforma cette classification tripartite des inférences en une classification bipartite. « Considéré à l'égard de ce qui est commun » se trouva scindé en deux sous-groupes : les inférences en pūrvavat et celles en śeṣavat. « Considéré à l'égard de ce qui est spécifique » constitua la seconde grande classe (viśeṣato dṛṣṭam), où le suivant, l'élément second, n'est autre qu'une spécialisation du précédent, de l'élément premier, à l'égard de certains cas particuliers : ces plumes-ci, cet oiseau-ci. À partir de cet état de la question, des recherches plus poussées sur l'inférence ainsi que d'autres investigations plus générales sur des questions de logique furent entreprises au sein du Nyāya et de l'école bouddhiste de logique, et seulement là. L'évolution se fit de telle façon que la théorie de l'argumentation et la théorie de la connaissance furent unies par des liens étroits et multiples. Les études sur le raisonnement logique que le Sāṁkhya avait jadis menées de manière indépendante ne furent pas, à notre connaissance, poursuivies.
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Écrit par
- Kuno LORENZ : docteur en philosophie, professeur de philosophie
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