LOI SUR LA PROTECTION DES MONUMENTS HISTORIQUES
La loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques protège « les immeubles dont la conservation présente, du point de vue de l'histoire ou de l'art, un intérêt public ». Elle est le résultat d'un long processus.
Dans deux articles de 1825 et 1832, Victor Hugo avait déclaré la « guerre aux démolisseurs », fustigeant la destruction systématique, par les notables locaux, des monuments du Moyen Âge au nom des intérêts économiques immédiats – un syndrome qui n'a guère changé depuis lors. Il réclamait alors : « une loi pour les monuments, [...], une loi pour l'histoire, une loi pour l'irréparable qu'on détruit, une loi pour ce qu'une nation a de plus sacré après l'avenir, une loi pour le passé... ».
Le ministre François Guizot créait en 1830 un poste d'« inspecteur des monuments historiques », confié en 1834 à l'écrivain Prosper Mérimée, qui entreprenait un premier classement. Il est aidé à partir de 1837 par une « commission des Monuments historiques », que rejoignent en 1907 des « architectes en chef des Monuments historiques ».
La loi de 1913 définit les procédures de classement, par l'intermédiaire de commissions locales et nationales, distingue les monuments simplement « inscrits » (environ 30 000 en 2012), de ceux réellement « classés » (environ 15 000 en 2012). Depuis 1943, un périmètre de 500 mètres autour du monument est également protégé. Recensant d'abord les monuments préhistoriques, antiques et surtout médiévaux, le classement s'ouvre bientôt à la fois aux propriétés privées, et non plus seulement publiques, mais aussi à l'architecture des xixe et xxe siècles : tour Eiffel, salle de l'Olympia,brasserie du Fouquet's à Paris, Cité radieuse de Le Corbusier, « palais idéal » du facteur Cheval, haut-fourneau U4 d'Uckange... Le volet archéologique initialement prévu fut abandonné devant l'opposition des archéologues bénévoles, alors majoritaires, et dut attendre 1941 (loi sur les fouilles archéologiques) puis 2001 (loi sur l'archéologie préventive) pour exister.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
Classification
Média