LOMBARDIE
La Renaissance
Dans cette même ville de Mantoue, les Gonzague se séparent du miniaturiste « gothique » Belbello et le remplacent par Gerolamo de Crémone (1462), élève de Mantegna. Cependant, Brescia, avec l'œuvre du jeune Vincenzo Foppa, et Crémone, avec Benedetto Bembo, s'ouvrent elles aussi à la culture de la Renaissance.
Mais en Lombardie, que ce soit en raison des échanges commerciaux ou en raison d'un goût naturel pour les œuvres de l'art nordique, on demeure en rapport avec les Flandres : Pierre de Bruges est à la cour des Sforza. Zanetto Bugatto, peintre de cette même cour, est invité à Bruxelles et participe au travail de l'atelier des Van der Weyden. Ainsi, l'apparition des deux grands artistes que furent Bramante et Léonard de Vinci prélude à un changement radical et, en même temps, à une crise de l'art lombard. Il suffit de penser aux réactions de peintres comme Foppa et comme Bergognone qui surent se maintenir fidèles, envers et contre tout, à un univers poétique « naturel » nourri d'une sensibilité particulière à la couleur et à la lumière où se laisse pressentir l'art de Caravage. Bramante laissa à Milan les marques de son génie, à Santa Maria presso San Satiro et dans l'abside de Santa Maria delle Grazie, à la cathédrale de Pavie et au château de Vigevano. Léonard de Vinci, sans parler de son extraordinaire activité scientifique, a laissé en terre lombarde des chefs-d'œuvre comme La Vierge aux rochers (Louvre) et La Dernière Cène (réfectoire de Santa Maria delle Grazie). Mais il désorienta aussi ceux qui tentèrent d'imiter, de façon superficielle, et sans le comprendre, le charme inimitable de son langage. Bramantino ne fut pas parmi ces imitateurs. Sa haute figure solitaire brille dans le firmament de l'art lombard du début du xvie siècle, au moment où la fortune des Sforza se trouve ruinée par l'arrivée des Français. Ce ne fut pas non plus le cas de Bernardino Luini, bien qu'il doive beaucoup à Léonard de Vinci. Mais il fut capable de créer une forme d'art originale et il sera l'un des peintres les plus représentatifs de l'art lombard.
À Mantoue, l'hégémonie artistique de Mantegna faisait place, toujours à l'ombre de la cour des Gonzague, à celle de Jules Romain. Cet artiste fut un merveilleux interprète du classicisme romain et de la tradition de Raphaël. Par lui, cette tradition se répandra en Lombardie et en Vénétie sans oublier la ville voisine de Crémone. C'est là que prit forme un éclectisme très particulier qui fut une interprétation naturaliste de la culture romaine et qui marque des personnalités aussi variées que celles de Camillo Boccaccino, de Guilio, d'Antonio et de Vincenzo Campi. Vers le milieu du xvie siècle, ce qui advint à Brescia, qui appartenait alors à la république de Venise, ne fut pas moins important. C'est là que travaillèrent trois maîtres de la peinture : Moretto, Savoldo et Romanino. Pendant ce temps, un grand peintre travailla à Bergame : Gian Battista Moroni qui fut comme portraitiste un rival de Titien.
À Milan, la présence du cardinal Borromée (1560-1584), le futur saint Charles, provoqua un renouveau exceptionnel dans tous les domaines de l'art sacré. Le cardinal fit venir avant tout Pellegrino Tibaldi, mais il faut ajouter à ce nom ceux des artistes déjà cités, les Campi et les Provaccini venus d'Émilie. La capitale ambrosienne redevint un centre artistique actif bien que limité à une sorte d'éclectisme provincial C'est pourtant dans ce climat que se forma le génie précoce de Michelangelo da Caravagio.
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Écrit par
- Franco MAZZINI
:
soprintendente alle gallerie e opere d'arte del Piemonte
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