LOMBARDIE
Caravage
Personne n'ignore la portée révolutionnaire, en Europe, du caravagisme. Avec Caravage, l'art lombard a atteint l'un des points culminants de son développement. Le caravagisme est un phénomène « lombard », non seulement parce que Caravage est né quelque part entre Bergame et Crémone, mais surtout parce qu'il a cultivé son sens du « réalisme » en regardant la peinture d'autres artistes lombards, comme Foppa et Bergognone, et en faisant appel aux souvenirs qu'il gardait des peintres de Brescia et de Crémone, sans oublier Lotto et les Vénitiens.
Il est bien connu que Caravage n'a légué aucune de ses œuvres à sa terre natale qu'il quitta très vite. Mais les traces qu'il a laissées de son aventure révolutionnaire sont de toute façon très peu nombreuses. Cependant, l'école de peinture de grande notoriété, qui s'affirma à Milan dans les premières années du xviie siècle, prit une orientation tout à fait différente. Cette école se développa dans un climat éthique, politique et esthétique très particulier, qui résulta en partie de la domination espagnole, et plus encore, des changements qu'imposèrent les deux archevêques Borromée, saint Charles d'abord, puis le cardinal Frédéric.
L'architecture de la période baroque resta plutôt fidèle aux modèles les plus sobres du xvie siècle. Quant à la sculpture, elle ne dépassa jamais le niveau d'un bon artisanat. Une fois encore, les œuvres les plus intéressantes viennent de la peinture et des artistes provinciaux. En province, en effet, les artistes se sentirent peut-être plus libres à l'égard des règles académiques ou autres. Ils restèrent également fidèles à l'inspiration réaliste toujours vivante qui connut alors un regain d'intérêt. C'est particulièrement vrai dans le portrait ; celui-ci se dépouilla des éléments de décor et se libéra de la sujétion à l'art de cour que lui avait imposé la Renaissance. C'est le cas du portraitiste Giuseppe Ghislandi (Fra Galgario), né à Bergame. Il a laissé une galerie de personnages de tout niveau social qui constitue un document impitoyable et lucide sur la société de son temps. À ses côtés, il faut placer Giacomo Ceruti de Brescia, le peintre des pauvres, de l'humanité malheureuse, qu'il représenta avec autant de solennité et de vérité que dans les toiles de la peinture traditionnelle, qu'elle soit sacrée ou profane. L'un et l'autre font partie des grands peintres naturalistes du xviiie siècle européen. Non moins remarquables sont les natures mortes originales, comportant des instruments de musique, qui sont l'œuvre d'un prêtre de Bergame, Evaristo Baschenis.
Cependant, l'exemple des grands artistes voyageurs va rompre ce cercle provincial un peu fermé ; Giambattista Tiepolo notamment laissa, entre 1739 et 1743, des œuvres remarquables dans les palais princiers de Milan, de Bergame et de la région de Brescia. Ces œuvres ont servi de modèle à une génération entière de décorateurs.
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Écrit par
- Franco MAZZINI
:
soprintendente alle gallerie e opere d'arte del Piemonte
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