LOMBARDS
L'art lombard
On assimile bien souvent l'art lombard à l'architecture et au décor peint et sculpté de l'Italie lombarde des viie-viiie siècles. Il s'agit là d'une définition par trop restrictive puisque cette phase italienne de l'art lombard, à laquelle il convient également d'ajouter d'autres témoins archéologiques comme les arts du métal, a été précédée au vie siècle (jusqu'en 568) d'une brillante phase « pannonienne », essentiellement révélée par les dépôts de mobilier funéraire.
La « phase pannonienne »
À la différence des Alamans, des Burgondes ou des Francs, Germains occidentaux dont les origines échappent presque totalement à l'enquête archéologique, les Lombards nous sont connus par une culture matérielle dès leur apparition dans l'histoire, au début de notre ère. Ils sont alors établis dans les régions de l'Elbe inférieure. De vastes cimetières à incinérations, bien souvent d'ailleurs antérieurs au ier siècle après J.-C. (ce qui atteste l'ancienneté de la « nation » lombarde), témoignent de l'existence d'une société guerrière hiérarchisée, bien conforme au jugement que l'historien romain Velleius Paterculus portait sur les Lombards : « le peuple germanique le plus féroce par sa sauvagerie ». Les hommes sont accompagnés dans la tombe d'un armement abondant (épées, lances, boucliers), tandis que femmes et enfants reposent dans des cimetières distincts. Les Lombards ne firent pas mentir cette réputation guerrière quand six mille d'entre eux, alliés aux Marcomans, attaquèrent à partir de 166-167 la Pannonie romaine (ouest de la Hongrie actuelle, en deçà du Danube), sans pour autant parvenir à leurs fins. C'est alors que le nom des Lombards disparaît des sources historiques pour près de trois siècles, tandis que les témoins archéologiques de leur culture matérielle s'estompent en Allemagne du Nord, que la « nation » lombarde dut alors quitter. Si les étapes de cette migration demeurent conjecturales, son aboutissement fut la Bohême (le pays « Bainhaib » de la chronique lombarde du début du ixe s.), à la fin du ve siècle. L'arrivée des nouveaux venus y est d'ailleurs marquée par l'apparition d'un faciès archéologique qui préfigure celui de la « phase pannonienne ».
Les textes font à nouveau mention des Lombards en 487-488, ils sont alors installés en Basse-Autriche. Ils y séjourneront quelques décennies, dominés par la redoutable « nation » germanique des Hérules, dont ils parviendront cependant à briser le joug. Forts de leur puissance, les Lombards pénètrent alors en 526 dans la province de Pannonie Ire (entre le Danube et la Drave, à l'ouest de la Hongrie actuelle) et s'y établissent solidement avant de conquérir plus au sud le bassin de la Save (provinces romaines de Savie et Pannonie IIe). Ils devaient y demeurer jusqu'en 568.
L'art lombard des phases prépannonienne (en Basse-Autriche) et pannonienne nous est connu par l'archéologie funéraire, les sépultures lombardes renfermant en général un mobilier abondant et souvent riche. En effet, établis à la frange orientale de l'aire de rayonnement de la culture mérovingienne, les Lombards lui ont emprunté ses usages funéraires : vastes cimetières organisés, tombes orientées et alignées, et, surtout, inhumation du défunt habillé, avec mobilier funéraire. Jusque vers 530, l'art lombard (dont les supports privilégiés seront les fibules, les garnitures de ceinture et certains équipements guerriers) offre peu de caractères originaux, mais il est fortement influencé par les cultures au contact desquelles il se trouve. Il s'agit tout d'abord de la culture italo-gothique, dont maints produits sont parvenus à la fin du ve siècle et au début du vie dans[...]
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Écrit par
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
- Patrick PÉRIN : directeur du musée des Antiquités nationales, Saint-Germain-en-Laye
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