LONDRES
Depuis qu'elle est entrée dans l'ère moderne, Londres semble systématiquement anticiper les grandes étapes de l'histoire urbaine. Première ville millionnaire du monde, au moins occidental, dès le début du xixe siècle, sa forte croissance démographique s'est traduite plus tôt que partout ailleurs par des formes d'étalement et de suburbanisation permises en particulier par la mise en œuvre d'un réseau ferroviaire mobilisé, dès son origine, comme moyen de transport intra-urbain au service des « navetteurs ». Après la Seconde Guerre mondiale, alors qu'elle entrait dans une phase de désurbanisation, Londres a été la première métropole concernée par une forme singulière d'embourgeoisement, la gentrification, justifiant la création de ce néologisme dès 1964. Du point de vue économique, Londres s'est ouverte très tôt à l'internationalisation des échanges qui ont stimulé une industrialisation originale dans le contexte du xixe siècle, au regard de l'éloignement de la capitale britannique par rapport aux gisements de matières premières. Depuis le début des années 1980, la ville s'est résolument engagée dans la voie d'une économie structurée autour du secteur financier et des services supérieurs liés à son statut de métropole mondiale, maintenant dans le même temps une part non négligeable de sa population en marge de la croissance. Cet apparent paradoxe n'est d'ailleurs pas le seul dont Londres peut se prévaloir. Bien qu'il s'agisse d'une énorme métropole tentaculaire, elle est constituée d'une multitude de « villages » auxquels correspondent autant de véritables identités et communautés locales. De même, les vestiges du mur d'enceinte de Londinium côtoient aussi bien la Tour de Londres que la tour du Gherkin, pour composer un improbable et touchant patchwork de formes urbaines qui soulignent toutes les ambivalences, contradictions et ambiguïtés qui font la richesse de la capitale britannique et de ses habitants.
Histoire d'une capitale
De la fondation à la fin du Moyen Âge
Au mythe de la Troja Nova qui fait remonter Londres à une époque plus ancienne que Rome, on préférera la réalité : Londres est née après la conquête romaine en 43 de notre ère, d'abord camp militaire, bientôt cité commerciale et centre administratif (Londinium) ; ses premiers murs datent du iiie siècle et sa population aurait alors avoisiné les 30 000 habitants ; déjà, sa fonction portuaire et l'existence d'un pont de bois en font un important carrefour de communications. Des restes de murailles aux vestiges d'un temple de Mithra en passant par des mosaïques et des documents épigraphiques, les signes abondent de sa vie de cité. Les invasions saxonnes contribuent à la ruiner, malgré des survivances dont, au vie siècle, l'installation d'un évêque saxon qui prend ainsi la suite lointaine du premier évêque de 314. Les siècles suivants sont faits de relèvements et de destructions renouvelées, liées aux invasions de Vikings, mais aussi à la vulnérabilité aux incendies d'une ville construite en bois.
À l'arrivée des Normands, Londres semble déjà dotée d'une autorité locale embryonnaire, sous la tutelle de l'évêque et du roi, et elle est divisée en 28 wards, chacun sous l'autorité d'un échevin. Ce statut est confirmé par Guillaume qui, méfiant, fait aussi construire deux forteresses de surveillance, dont la Tour à l'est. Westminster, où Édouard le Confesseur avait fait ériger une abbaye, devient, à l'écart de la ville, le centre de l'administration monarchique et ne sera jamais soumise à la Cité. Dès ces premiers siècles normands, Londres est de loin la ville la plus riche et la plus grande, la construction de maisons nouvelles se faisant dans une superficie si restreinte qu'on[...]
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Écrit par
- Martine DROZDZ : chargée de recherche au CNRS, Laboratoire techniques, territoires, sociétés (LATTS)
- Roland MARX : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
- Frédéric RICHARD : maître de conférences en géographie, université de Limoges, Géolab
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